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Bienvenue dans un cinéma du silence où les personnages prennent le temps de regarder ce qui se passe autour d’eux, roulent en bicyclette, tartinent de la confiture d'abricot, grillent des cigarettes et se resservent une tasse de thé. C’est tout ? Presque. Personne ne s’en rend compte mais cet éden glisse progressivement vers l’enfer, les fantômes se mettent à hanter les cimetières tandis que les idylles se fanent tout doucement. Hanezu, l’esprit des montagnes ressemble aux histoires d’amour qui ne durent pas : euphorisant au début, le film finit par laisser exsangue. A l’aune de ses précédents longs-métrages, Naomi Kawase (Shara) témoigne une nouvelle fois d'un regard ultrasensible sur le monde. Seulement, en filant trop de métaphores à la fois et en se fourvoyant dans l’abstraction arty, elle semble pour le coup aussi paumée que nous, perdue dans une méditation mélancolique sur le temps qui passe qui nous abandonne dans le flou.
Toutes les critiques de Hanezu, l'esprit des montagnes
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ode panthéiste à la beauté fragile du monde, mais échappant à toute emphase mystique par un souci d’observation attentive et même microscopique, le nouveau film de Naomi Kawase suscite un émerveillement permanent.
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(...) Kawase demeure cette cinéaste infiniment précieuse qui filme le mieux l’averse, le vent de la montagne, la nostalgie de ces temps enfuis que l’on n’a pas vécus.
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Présenté à Cannes en 2011, le nouveau film de Naomi Kawase charrie ses thématiques habituelles, sans les transcender complètement. Venant de la réalisatrice des magnifiques Shara et La Forêt de Mogari, c'est une petite déception.
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(...), mais il y a peut-être un peu trop de retenue et d'ellipses dans la manière de raconter cette histoire pour qu'elle arrive à convaincre que les humains sont aussi admirables et terribles que les éléments.
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Avec cette romance forestière, feutrée, entre une jeune femme mariée et un sculpteur lunaire, la voilà qui foule un terrain personnel, tout en s'attaquant à des thèmes pour le moins séculaires : la nature résonne dans le tréfonds de l'âme, les puissances végétales et sentimentales se confondent. C'est bien là le problème de Hanezu : sur ses délicates épaules repose toute une philosophie japonaise maintes fois ressassée au cinéma. Impermanence, panthéisme : les motifs ont acquis une telle monumentalité qu'on passe devant sans les remarquer.
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Tout ce qui faisait le prix très élevé de Kawase, son génie de l’évocation, son aptitude magique à faire revivre les morts à travers, par exemple, le mouvement provoqué par le vent au sommet d’un arbre gigantesque ou le murmure d’un ruisseau, tout cela se perd dans une théâtralisation, une monstration facile. Kawase aurait-elle perdu son don, ou bien plutôt confiance en son art ?
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En mariant écologisme et nationalisme, l'ouvrage présente toutefois, à son corps défendant, une utile leçon dont la portée reste à mesurer.
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Dans un Japon campagnard, une femme aime deux hommes et soulève entre eux une rivalité qui trouve une résonance dans une poésie évoquant la confrontation de deux montagnes... Une étrangeté dont on ne sait malheureusement que faire, tant le film tient ses personnages à distance.
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La rivalité de deux hommes autour d'une femme, une histoire éternelle dit la réalisatrice, qui la relie aux mythes japonais anciens et à la nature qu'elle filme toujours subtilement. Mais on lui doit de plus beaux films; et celui-ci s'étire, trop lisse et sens vibrations profondes.
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(...) Cette symphonie de plans léchés, parfois sublimes, bascule dans une joliesse un peu stérile qui évoque moins le romantisme noir espéré que la coquetterie d'un dépliant touristique. Pas désagréable mais forcément décevant.
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Hanezu nous sert jusqu'à l'anesthésie complète les vers d'un poème japonais du VIIe siècle narrant l'amour de deux montagnes. Au secours.