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C’est l’histoire d’un repli monacal, d’une lutte contre les conventions sociales et la maladie, dans l’anonymat étouffant d’une maison du Massachusetts, au XIXe siècle. Pas très rock’n’roll, le destin d’Emily Dickinson ? Assurément. Le film est pourtant vif, drôle et enjoué. Du moins dans sa première partie, la plus lumineuse. Soit un enchaînement galvanisant de joutes verbales dégainées par de spirituelles ladies armées d’éventails. Avec elles, Davies brocarde les injustices de la société américaine de l’époque (pouvoir clérical et patriarcal, esclavagisme...) dans une hypnotique enfilade de champs/contrechamps : on virevolte ainsi d’une discussion à une autre, sans transition, comme si l’existence de la poétesse (Cynthia Nixon, impressionnante en dure à cuire au regard plein d’empathie, d’une douceur infinie) n’était finalement qu’un exercice cérébral délesté de toute assise empirique, si l’on excepte la douleur. Autrement dit, une pure spiritualité en mouvement, régnant sur le silence ecclésial du foyer des Dickinson. Mais cette église sans Dieu va se transformer en un véritable caveau dans une deuxième partie plus sombre (et un peu répétitive). En refusant de se marier au nom de sa liberté d’artiste, la rebelle va s’éloigner de ses proches moins subversifs qu’elle, pour peu à peu s’emmurer vivante. Son combat anticonformiste et féministe lui interdira le bonheur et la reconnaissance, mais engendrera une oeuvre immortelle, dont ce portrait ravive dignement la flamme
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- Emily Dickinson : A Quiet Passion
Emily Dickinson : A Quiet Passion
Première
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