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Puissant dans les interrogatoires et les plaidoiries, Gargot a une approche politique lourde de sens. Le double éclairage, entrecoupé des propos violents de la radio-télévision libre des Mille Collines, principal organe de propagande hutu, pose intelligemment la question de la pertinence d'une justice internationale.
Toutes les critiques de D'Arusha A Arusha
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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D'une sobriété exemplaire, le documentaire supplante les communiqués officiels d'une Justice, que l'on suppose aveugle mais qui semble engoncée, par son architecture même, sous une cloche de verre. Le film multiplie d'ailleurs les plans de ce tribunal vidé de toute présence.
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(..) l'aspect répétitif des témoignages des observateurs et/ou des participants au génocide rend, malgré tout, D'Arusha à Arusha un peu laborieux.
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Il faut un certain temps au spectateur pour comprendre la démarche de l’auteur, bien plus intéressé par le (dys)fonctionnement de la justice que par l’affaire rwandaise en elle-même. Le but du réalisateur est de montrer l’incapacité des tribunaux internationaux à juger en toute quiétude, loin de toute pression politique extérieure. Progressivement, on s’aperçoit que ce simulacre de procès n’est qu’un théâtre absurde où les juges ne sont que les marionnettes du pouvoir en place. A cette justice officielle qui prive les rwandais d’un retour salvateur et nécessaire sur leur passé (le procès a lieu à Arusha en Tanzanie), le cinéaste oppose la justice des Gacaca (des procès locaux entre habitants d’un même village où les peines sont bien plus sévères). Dans tous les cas, il ausculte la faillite de la justice humaine qui est finalement toujours celle du plus fort à un moment donné de l’histoire. En cela, le documentaire de Christophe Gargot est passionnant. On regrette juste qu’il ne se soit pas mis à la portée du plus grand nombre pour exposer ses idées.
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Deux témoins sont privilégiés, un couple : lui est hutu, a participé activement au génocide, mais a réussi à sauver son épouse, tutsie. Cet arrangement fournit un matériau d'une immense richesse. Mais il reste souvent difficile à interpréter, comme ce long témoignage de Faustin Twagiramungu, ancien premier ministre hutu du président tutsi Paul Kagamé (...) Son ambivalence est si profonde, qu'il faudrait des heures d'explications pour en saisir les tenants et les aboutissants.
Et surtout, ce film est soutenu par un a priori qui le conduit à remettre systématiquement en cause l'attitude du FPR et de ses dirigeants depuis le début de la crise. On fera observer que ce parti pris est l'inverse de celui qui sous-tend la quasi totalité des documentaires consacrés au Rwanda ces dernières années. L'histoire de l'un des pires crimes du XXe siècle s'écrit dans la peine.