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Réalisateur et producteur des franchises La Nuit au musée et La Panthère Rose (nouvelle génération), Shawn Levy est à la comédie américaine ce que le Préfontaine est au vin, un ersatz sans saveur. Un anti-Judd Apatow sans autre ambition que de dérider ses contemporains avec un nez rouge et de grosses ficelles. On lui saura donc gré d’avoir voulu élever le niveau avec Crazy Night, sa première comédie « adulte », qui doit beaucoup au tandem Steve Carell-Tina Fey. Issu de la famille Apatow, le premier apporte un décalage particulier au film, tandis que la seconde, star de la télé US, révèle un tempérament tragicomique inespéré. Secondés par un étonnant Mark Wahlberg (c’est suffisamment rare pour être souligné), les deux comiques font oublier les lacunes d’un script qui confond vitesse et précipitation, burlesque et tarte à la crème.
Toutes les critiques de Crazy Night
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Si la mise en scène est strictement illustrative, l'habileté du scénario et la performance des comédiens suffisent à remplir le contrat comique. Une réussite mineure mais réelle, dans un genre trop souvent abandonné à la vulgarité et à la paresse.
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Prenez un duo de comiques percutant, un metteur en scène maître ès comédies et un scénariste cador du dessin animé et vous aurez une pochade hilarante avec son lot de quiproquos, de personnages secondaires déjantés et de gags poilants. Vous l'aurez compris : embarquement immédiat pour cette "Nuit de folie".
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De la part du réalisateur de La nuit au musée, on était en droit de s'attendre, au minimum, à quelques bonnes tranches de rigolade. C'est mission accomplie. Situations improbablissimes, scènes burlesques savamment décalées, mimiques au quart de poil du génial Steve Carell, courses-poursuites inédites et désopilantes, tout est là.
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Bénéficiant d’un scénario malicieux truffé de situations cocasses et de gags efficaces, la comédie de Shawn Levy sait aller à l’essentiel sans s’embarrasser de digressions inutiles. L’heure vingt-cinq passe à une vitesse folle grâce à un tempo trépidant et un timing comique imparable. Certes, cette espèce d’After hours chez les bourgeois est quelque peu convenu dans son déroulement, mais les rebondissements offrent suffisamment de surprises amusantes pour satisfaire pleinement.
Dynamisé par une interprétation impeccable, une réalisation efficace et une bande-son punchy, Crazy night est également un film d’action puissant grâce à quelques séquences originales. On pense bien entendu à la poursuite en voiture en plein New York, totalement loufoque et évoquant les délires du cinéma muet version Harold Lloyd. -
Incapable de trouver un rythme adéquat, Crazy Night erre dans un entre-deux hybride, intéressant dans l'idée (un excès digne de la comédie cantonaise), mais au final assez bâtard et contre productif. Dépassé par le leste que lui imposent ses comédiens, Levy a tenté de garder le contrôle, jusqu'à forcer un tempo qui s'installe laborieusement et sans une vraie folie nécessaire. Toutefois, on le comprend. Le problème de Crazy Night, c'est peut-être moins lui que Steve Carell et Tina Fey. Fiers d'eux, ils se croient drôles, infailliblement drôles. La complaisance du tandem ruissèle. Au point que s'en dégage, vite, une certitude assez gênante et d'autant plus problématique que le rire coince, souvent, devant la lourdeur régressive de leur jeu, des situations ou des dialogues (la récurrence toute américaine du mot vagin).
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Ce besoin compulsif de recourir au dictionnaire de la criminalité, de "automobile" (poursuite en) à "règlement de comptes", est le symptôme de la paresse intellectuelle dans laquelle s'est englué le cinéma commercial américain, du moment qu'il prétend s'adresser aux adultes - finalement, les adolescents sont mieux traités, voir Very Bad Trip. Au lieu de laisser Tina Fey et Steve Carell mettre en pièces la vie quotidienne d'un couple américain (ce qu'ils font avec talent et entrain dès que le scénario frénétique leur laisse une minute), il faut absolument enchaîner les péripéties qui conduiront au triomphe du bon droit.
En chemin, on aura tout de même rencontré un merveilleux couple (celui qui avait réservé et n'a pas dîné) formé de James Franco et de Mila Kunis, version bas-fonds de l'idéal conjugal américain, et pu admirer la plastique de Mark Wahlberg qui se prête avec élégance aux moqueries. La nuit n'a pas été folle, mais elle se termine sans encombre.