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En adoptant le point de vue d’une ado vierge de préjugés, Alice Rohrwacher dépouille sa critique de tout cynisme, sans pour autant renoncer à l’ironie (le curé est aussi magouilleur et hypocrite que le commun des mortels). Au fond, il ne s’agit que de l’histoire d’une jeune fille ordinaire, mais elle est sublimée par le regard délicat d’une réalisatrice prometteuse.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Entre petits arrangements avec la foi et soif d'absolu, l'affrontement est constant. Mais rarement ouvert. Comme son héroïne, la cinéaste a tendance à se réfugier dans un cinéma mutique, à filmer en retrait. Elle convainc beaucoup plus quand elle s'engage dans le face-à-face entre le curé et Marta. Son réalisme rugueux se pare alors d'intensité, de violence, et nous donne accès aux conflits intérieurs des personnages, à leurs peurs. Peur qu'il y ait un sens dans ce qu'ils font, peur qu'il n'y en ait pas. Alice Rohrwacher ne juge pas, n'apporte pas de réponse. Elle filme l'ombre, la lumière, met peut-être un peu trop de cérébralité dans son approche du monde concret. Mais elle a une âme de cinéaste.
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Mais la grande force du film ne se limite pas à sa portée critique. Cette visite de la Calabre, dont l'immense beauté perse encore à travers les ruines, loin d'être un simple voyage sombre et funéraire, s'incarne au contraire très fort dans ses personnages. Lorsque Marta se retrouve embarquée par le prêtre à la recherche d'un crucifix pour la cérémonie de confirmation, et la conduit dans ce village de montagne déserté, elle va faire deux rencontres. Celle de Jésus sur sa croix d'abord, avec son corps de bois qui semble bien plus « réel » que tous les mots inculqués au catéchisme. Puis le vieux prêtre du village, sorti de nulle part, qui lui apportera enfin la réponse à sa question. C'est Jésus qui hurle « Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » lui dit-il. Et la petite Marta de se sentir peut-être un peu moins seule, et de laisser résonner le cri de Jesus dans cette Calabre en ruine. Corpo Celeste est ainsi un film hanté par cette interrogation, par ce double traumatisme que porte en elle Marta : le mystère du corps contre lequel elle butte, et celui de ce monde extérieur en fin de course, dans lequel elle ne peut pas se retrouver. Alice Rohrwacher capte cet état avec une grande délicatesse, et nous offre avec Marta un personnage magnifique, un corps céleste qui permet au film un peu d'espoir.
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(...) Corpo Celeste n'en fait jamais trop et préfère afficher tout du long la même perplexité que son héroïne. De celle qui fait ouvrir grand les yeux, tendre le corps, se lever sur la pointe des pieds pour mieux voir. C'est le stade le plus proche de la grâce, de l'élévation, que le film veut et peut offrir (et réussit souvent), en toute honnêteté.
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Premiers émois, trouble des sens, lucidité religieuse… Le portait d’une jeune adolescente italienne aux prises avec un monde adulte fascinant de promesses et repoussant d’hypocrisies. Dans ce premier film revêche, la cinéaste affirme une mise en scène audacieuse, tendue entre naturalisme social et surréalisme mystique.
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En dépit de l'interprétation sensible de la jeune héroïne, il faut vraiment s'accrocher pour aller au bout de ce drame social, tant il transpire la tristesse et l'austérité.