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À 10 ans, Brahim nourrit son imagination débordante en observant l’usine de construction de grues où travaille son père. Mais l’entreprise a prévu de délocaliser... Cette enfance banlieusarde dans les années 80, c’est celle du réalisateur, Brahim Fritah, qui nous fait partager ses souvenirs avec malice et bienveillance. Le film joue sur plusieurs tableaux (le récit initiatique, la chronique sociale et la comédie enfantine), qui ne sont malheureusement pas développés de manière équitable. Élève appliqué mais peut mieux faire.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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« C’était les années 1980 », comme on dit. Mais contrairement à trop de films français récents, Brahim Fritah n’en fait pas trop dans la reconstitution de ces années dont la nostalgie est tant ciblée par la publicité : à peine un peu de grain dans la photo, quelques carrosseries antiques clairsemées, et la bande-son évite même de se faire juke-box de « ces années-là », préférant se mettre au diapason de l’univers mental de son héros [...] Le réalisateur consacre son film à orchestrer la partie de ping-pong entre les divers influences auxquelles s’ouvre le garçon. Le son se fait facétieux, avec bruitages et musiques over ; l’image aussi, qui peut passer au noir et blanc quand la télé couleur est remplacée par une en noir et blanc, ou se ralentir pour figer dans un grandiose de pacotille un affrontement physique entre ouvriers et patronat [...] Cela n’a l’air de rien, mais par le truchement de ces petits effets, le match organisé ici entre imaginaire et réalité a quelque chose de rafraîchissant au regard des lieux communs en vigueur.
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Attachante, inconstante, cette modeste réalisation autobiographique de Brahim Fritah respire les années 80.
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Le réalisateur se replonge dans les années 80, avec certes les maladresses propres à un premier film, mais aussi avec beaucoup de poésie et de sincérité.
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Montrer la banlieue sous un visage différent était visiblement le but premier de Brahim Fritah. Loin de l'image assombrie par le racisme et la violence que l'on peut voir dans les médias, le jeune réalisateur nous restitue minutieusement (vêtements, décors, musique) la banlieue parisienne des années 80 au cœur de laquelle il a pu s'épanouir. Une époque dans laquelle il replonge plein de nostalgie à travers les yeux d'un enfant de 10 ans et sa famille venue du Maroc [...] Brahim Fritah a su parfaitement retranscrire cela par son montage et sa mise en scène. On alterne entre accélérés et ralentis, on passe d'une succession de photos à une scène en noir et blanc. Des séquences plutôt originales qui viennent dynamiser une histoire déjà bien écrite et donc agréable à suivre. Le casting dans son ensemble fait honneur au reste du film, mention spéciale aux enfants dont le naturel fait plaisir à voir. Chroniques d'une cour de récré apporte ainsi une petite brise de fraîcheur sur le cinéma français, et personne ne s'en plaindra.
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Par-delà ses inévitables défauts de premier film (manque de structure narrative, quelques banalités d’usage et montage pas toujours maîtrisé), Chroniques d’une cour de récré devrait faire l’effet d’une madeleine de Proust pour tous les quadragénaires qui ont grandi dans un milieu populaire en ce début des années 80. Et ça n’a pas de prix.
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Parfois la mise en scène s’autorise un arrêt sur image, un accéléré en noir et blanc digne d’un film muet. De ce méli-mélo naît une poésie légère et tendre, loin des poncifs sur la banlieue et les ouvriers immigrés.
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En résulte une grâce ludique, une respiration fluide qui ne corrompent en rien le caractère imprévisible du film, chronique sociale trottinant sur le fil de l’enchantement et du merveilleux. Un mix foutraque et réussi entre Ken Loach, Raymond Queneau et « les Goonies ».
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Tendue parfois inégalement entre catharsis émotionnelle et reconstitution ludique, une fiction mémorielle portée par un scénario lucide sur les premiers échecs de l'intégration et l'interprétation, une fois de plus, sans faute de Vincent Rottiers et Reda Kateb.