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To The Wonder, nouvelle merveille de Terrence Malick (...) [Mais] A la fin de la projection de presse, les huées l’ont emporté sur les applaudissements. A Cannes, James Gray avait déjà eu droit à ce genre de traitement hâtif et irréfléchi, probablement parce que la collectivité avait besoin de signifier son refus d’adhérer à ce qu’elle prenait pour une prise de position idéologique (...) Visuellement, le film possède la touche inimitable de Malick : caméra en apesanteur, lumière naturelle, et captation de moments miraculeux qui peuvent transformer un paysage hivernal sinistre en vision euphorisante. La puissance picturale de certaines images évoque les grands peintres américains, comme Andrew Wyeth avec qui Malick partage cette idée que derrière l’apparente beauté de la nature se cache une dimension plus grande et plus cruelle. L’essentiel du film est fait au montage, les raccords obéissant à une logique sensorielle mille fois plus forte et fluide que la rhétorique dramaturgique traditionnelle. Malick est un maître de ce langage qui associe l’image, le mouvement, le son et la musique. Sa capacité à produire du beau est si convaincante qu’elle rappelle une autre analogie qui associe le beau et le vrai. Encore une question de foi.
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La pesanteur et la grâce. C’est la tension qui habite tous les films de Terrence Malick, comme ici l’amour d’Olga Kurylenko face aux failles de Ben Affleck, ou les tiraillements entre l’aspiration mystique et les tentations du prêtre (sublime Javier Bardem). Depuis The Tree of Life, Malick s’est radicalisé. Il a d’abord assumé la part autobiographique de son oeuvre, mais il a surtout cessé de réaliser des films. Il « fait » des poèmes. À la merveille est son oeuvre la plus symphonique, la plus synthétique, la plus lumineuse. On connaît depuis longtemps l’obsession du metteur en scène pour Murnau. Ici, elle est évidente. Comme dans L’Aurore, le vent, la tempête, l’eau, le ciel font autant partie du drame que les pensées et les actes des personnages. Et comme Murnau, Malick est un cinéaste à l’esthétique cristalline, un cinéaste qui caresse les songes, les sentiments, la foi. Pourtant, nul besoin de croire pour mesurer combien À la merveille est un film prodigieux et combien toute histoire d’amour est un trésor qu’il faut chérir, protéger, conquérir. Oui, il y a des bisons, des rideaux blancs, de l’herbe, des supermarchés, de l’eau, le ciel, le cosmos, des trisomiques, la vie, des regards, des visions. Une vision. Certes, Malick chute parfois et il ne tient pas constamment son tempo élégiaque. Mais aux détracteurs on rappellera cette citation de Kierkegaard : « Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin. » Aujourd’hui, à Hollywood, lui seul emprunte cette route. Celle d’un cinéma total et sensualiste.
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L’amour nous aime. C’est la pensée profonde exprimée en voix off et en français par Marina (Olga Kurylenko), l’héroïne d’À la merveille. Une autre ? « Où est-on quand on est là ? » Je vous le demande. Avec tout le respect dû à Terrence Malick, qui n’a plus rien à prouver si ce n’est qu’il sait encore nous captiver avec ses images (superbes au demeurant), comment se fait-il que, cinq minutes après le début de son sixième film en quarante ans de carrière (La Balade sauvage, pur chef-d’oeuvre, date de 1973), la perplexité nous gagne ? Un couple, elle gambade devant lui, tournoie, danse et brasse l’air de ses bras en arabesque. Ils sont à Paris puis au Mont-Saint- Michel (la « merveille » du titre), les pieds dans l’eau, elle demande au nuage s’il l’aime aussi. Et toujours ces sautillements... Elle a une petite fille, il les emmène toutes deux chez lui, en Oklahoma. Mais là, après quelques entrechats de pièce en pièce, sur les lits, dans les blés, Marina s’assombrit. Sa fille veut rentrer : « Quelque chose manque », dit-elle. Un scénario peut-être ? Un prêtre, exilé lui aussi, interroge Dieu en espagnol (c’est Javier Bardem – le prêtre, pas Dieu) ; le monde autour de lui n’est que ruines et pauvreté. Il doute. Et nous, donc ! Cinéaste de l’instant, du fugitif et du souvenir, Malick nous inflige un salmigondis sur l’amour et la foi, la responsabilité et le partage. Sans fil narratif, tout se brouille. Le réalisateur ne livre que les bribes des fulgurances espérées et, sondant l’incomplétude chronique chez l’être humain, il nous laisse insatisfaits et las.
Toutes les critiques de A la merveille
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Moins de deux ans après The Tree of life, le cinéaste américain livre une œuvre magnifique sur l’impuissance de l’homme à aimer à la mesure de l’amour divin.
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« The Tree of Life » célébrait la genèse de la vie, « À la merveille » en est une déclinaison lyrique, axée sur l'amour éternel. Mieux quun film envoûtant, une prière en images.
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Ce qui est beau avec les très grands, c'est qu'ils inventent, qu'ils surprennent sans cesse. Stanley Kubrick jusqu'à son oeuvre ultime, Eyes wide shut. Et Terrence Malick de film en film. On l'avait quitté sur une Palme d'or à moitié méritée, Tree of life, où le pire — une métaphysique infantile, indigne de lui — côtoyait le meilleur : le sentiment de suivre à la trace la mémoire du héros. Dieu merci, le cinéaste a, cette fois, relégué au second plan sa spiritualité à la Paolo Coelho et ses dinosaures lourdauds, appuyant leurs grosses patounes sur la tête de nos malheureux ancêtres humains. Mais il a gardé cette mise en scène à fleur de peau, à la fois distante et caressante, à base de travellings incessants et constamment interrompus, de panoramiques magiques, comme en apesanteur.
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Il faut reconnaître à Terrence Malick une extraordinaire capacité à traduire par des moyens purement cinématographiques (fluidité du montage, contiguïté dans le plan, enchaînement virtuose, mouvements de caméra aériens) des émotions, des états, des sentiments et des intuitions qui se passent de mots, comme le bonheur, l'érosion, l'ennui, la solitude, le manque, le fantasme, le désir. Il y a chez lui une grâce et une intelligence, une sensibilité et une pudeur, une lucidité et une bonté, et plus généralement une expérience du monde, de l'homme et de la vie, qui le placent dans les cimes, bien au-dessus des autres cinéastes en activité.
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Avec son nouveau film, Terrence Malik déconstruit la religion du couple. Magistral.
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« À la merveille » est une œuvre quasi expérimentale : un film de murmures et de musiques, de variations de lumière et de gestes. Il est à parier que cela va en décontenancer plus d’un. Les autres seront enchantés.
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Terrence Malik signe un nouveau poème visuel. Tout aussi expérimental que "The Tree of Life", mais moins marquant.
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Comme c'est très souvent le cas avec Terrence Malick, les mots ne sont qu’illusoires et l'Image se suffit à elle-même. Une leçon de cinéma et un très beau souvenir en sortant de la salle.
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Visuellement, À la Merveille surfe sur la vague de The Tree of Life, avec une photographie somptueuse, tout en bénéficiant d'une narration plus linéaire, moins déstructurée. Terrence Malik signe une œuvre sensorielle, onirique, hypnotique, entre impressionnisme et abstraction. Aux mots, il préfère le langage corporel des acteurs pour exprimer les sentiments, l'amour, la complicité, le désir, les hésitations, les déchirements. Malgré quelques phrases sentencieuses prononcées en voix off, on se laisse porter par cette ode musicale à la
vie, à la nature et à la foi, pleine de sensibilité et de tendresse. -
Une romance archaïque transcendée par la mise en scène du maître. Un film gracile et fou.
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Un amour qui s’essouffle dans la solitude d’une ville sans âme, une autre femme qui réapparaît (Rachel McAdams), des hauts et des bas… le tout enveloppé d’une voix off dissertant sur l’amour, et filmé avec l’habituel génie visuel de Malick. À la merveille est un conte philosophique parfois abstrait, mais poétique et envoûtant, comme seul l’auteur de Badlands sait les inventer.
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Si The Tree of Life , avec son mouvement de psaume, était un film biblique, À la Merveille est un film évangélique, centré sur l'amour. «Quel est cet amour qui nous aime?» Ce leitmotiv secret (repris deux fois, comme le Mont-Saint-Michel) place le film dans la lumière de l'Évangile de saint Jean: ce n'est pas nous qui aimons en premier. L'amour nous précède, à la fois caché et exposé, comme la Merveille, au péril des vents et des marées de l'existence.
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Après The Tree of Life, Terrence Malick n’arrive pas à donner de l’étoffe à un film qui vire parfois au sermon boursouflé.
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Il y a toujours eu chez Malik une double tentation, à la fois de l'instant présent saisi dans la distance d'un souvenir ou d'un fantasme, et de l'image fausse ou du cliché (...) C'est incompréhensiblement, celle du cliché qui dévore progressivement "A la merveille". Rendez-vous au prochain Malik pour savoir où tout cela l'emmène.
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Ben Affleck fait la tête à la Merveille (celle du Mont-Saint-Michel) et dans les plaines du Far West, en compagnie de deux femmes très belles (dont Rachel McAdams) mais Terrence Malick peine à faire partager le trouble métaphysique de son personnage principal.
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À force de constants allers-retours entre passé et présent, on se perd dans ce drame amoureux aux dialogues quasiment inexistants. Mais son trio dacteurs, vibrant sous les cieux américains et ceux du Mont Saint-Michel, la Merveille en question, parvient à émouvoir, sublimé par une photo exceptionnelle : Terrence Malick est à la caméra !
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Terrence Malik réalise un poème sans dialogue avec des rimes sublimes (les images) mais dont chaque vers (la voix off) constitue un aphorisme qui pèse mille tonnes.
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Malheureusement, de cette magnificence vient poindre le tourment de l’ennui né de la répétition des formules filmiques et d’une écriture approximative. En s’attachant à décrire l’universalité du couple, dans ses coups de foudre foudroyants et ses crises qui entaillent la chair, Malick échoue totalement à insuffler un semblant de vie à ses personnages tous engoncés dans le maniérisme.
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Quelque chose ne prend pas ici, la volumétrie de la mise en scène semble constamment écrasée par le manque d’épaisseur des personnages et l’humeur maussade qui les traverse. Alors, bien sûr, on ne peut qu’être admiratif de la capacité de Malick à n’en faire qu’à sa tête, loin, très loin de tout ce qui fait l’ordinaire du cinéma américain.
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Au désespoir de ne pas succomber aux charmes de cette incantation s'ajoute l'ennui profond de cette balade qui na rien de sauvage, dans une histoire d'amour chaotique. Pour tenir le coup, on se dit : « C'est un Terrence Malick, ça doit être si intelligent que je ne comprends rien... » Heureusement, il y a une soupape qui appelle le sourire quand Javier Bardem apparaît en prêtre !
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Le film n'est pas nul, il s'annule. Se perd à force de planer sans jamais se poser. Trop peu de moments de grâce réelle, beaucoup de redite et un imaginaire pauvre. A la limite, ce qu'on préfère, c'est Javier Bardem dans le rôle du prêtre. Il doute, s'interroge sur l'amour divin, mais en terrien. C'est lui qui apporte la densité, l'incarnation qui fait défaut ailleurs. Il nous fait oublier les litanies visuelles de Malick, prières naïves dignes d'un ravi de la crèche.
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"L'amour qui vous aime", litanie embarrassante de premier degré prosélyte, ponctue un récit où les héros courent dans les prés, poursuivis par une caméra inlassablement pendulaire.
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Tout occupé par ses mouvements de caméra, Terrence Malik semble avoir oublié de se procurer un scénario. L'indifférence progressive qu'on ressent pour ses personnages se communique au film comme à sa réflexion pourtant intéressante sur la notion de choix.
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Presque sans dialogues, cette évocation, tout en lumière déclinante et gros plans, est sensée être une ode à l'amour, qu'il soit humain ou divin... Révérence gardée au célèbre réalisateur Terrence Malik, il faut se motiver pour y croire. Sinon ce romantisme niais peut laisser froid.
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En dépit du ratage, A la merveille, vient confirmer certaines coordonnées du système Malick, sans le seul réalisateur actuel à dilater le temps à l'extrême jusqu'à fabriquer de l'intemporel. (...) Malick croit dur comme fer au cinéma c'est un véritable créateur d'icônes. Ses images sont moins des instantanés que des poèmes.
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Terrence Malick nous assomme de dialogues d’une rare indigence, sur fond de philosophie de comptoir. C’est beau, long, et terriblement ennuyeux.
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Espérons qu’À la merveille n’est qu’un accident de parcours, une épreuve de travail qui aurait dû rester dans les cartons, et non pas une impasse dans laquelle le cinéaste continuera à se fourvoyer. Verdict au prochain film.
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Ce coup de griffe en forme de zéro pointé pour un film qui n'en méritait pas si peu est inversement proportionnel à l'affection portée à cet immense cinéaste qu'est Terrence Malick.