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Falconer n’est plus qu’une enveloppe vide. Ford, lui, remplit sa mise en scène, transforme ici et là des clins d’oeil (à Hitchcock, Sirk ou Wong Kar-Wai) en oeillades et abuse parfois d’un esthétisme qui donne l’impression de feuilleter un numéro vintage de Vogue Hommes. Mais, là aussi, ce n’est qu’une façade. Car sous ce maquillage formel percent des idées fortes : variations de couleurs dans le même plan pour exprimer les émotions ou encore touches de cruauté contrastant avec le spleen ambiant. Ford se débarbouille alors de ses poses arty(ficielles) et retire son costume maniériste pour enfiler celui d’un cinéaste-né. A Single Man devient d’autant plus émouvant que Colin Firth y étoffe un rôle proche de ceux de Raison et Sentiments ou d’Un mariage de rêve.
Toutes les critiques de A Single Man
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Colin Firth est le vrai spectacle du film de Tom Ford, qui nous le présente tout d’abord dans un beau coffret de velours : tiré à quatre épingles, cheveux gominés, caché derrière ses Ray-Ban, plus british que british (dans l’histoire, tirée d’un roman de Christopher Isherwood, cet universitaire homosexuel qui vit en déraciné aux Etats-Unis est anglais), obsessionnel, précis, solitaire, éperdu de chagrin pour un mort, dans des décors 60’s (l’action se déroule en 1962) plus que parfaits. (...) Bref, A Single Man est une réussite parce que son réalisateur prend son sujet au sérieux, qu’il ne s’en écarte pas, qu’il privilégie un mode de narration cinématographique à l’ancienne où le plan dure tant que tout n’a pas été épuisé et dit. Le film est à l’image de son titre : plein, direct, sans finasseries, sans distraction. Pas même le climax du scénario qui met Firth en présence de sa meilleure amie et ancienne amoureuse, interprétée par la grande Julianne Moore, dans un numéro d’actrice à la Elizabeth Taylor ou à la Anne Bancroft.
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A l’instar d’un Wong Kar Wai pour In the mood for love (dont on retrouve le compositeur, Shigeru Umebayashi, au générique), Ford transcende l’univers clinquant de son propre microcosme professionnel pour s’insinuer au plus près de la douleur humaine, celle, universelle, de la prise de conscience de sa propre mortalité. Peut-on en ressortir autrement que bouleversé ?
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A Single Man fait très classieux. Peut-être un peu trop. Mais il ne rate pas sa cible grâce à des personnages forts et à une interprétation sans faille.
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(...) Colin Firth, remarquable de finesse et de douleur rentrée, il exprime toutes les nuances de la solitude et du sentiment de manque. Coup de coeur et coup au coeur...
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Cette artificialité est poussée à un tel degré de stase formelle que, comme chez les grands formalistes (Fassbinder, Sirk, Wong Kar-Wai), l'émotion finit par surgir. Dans ces passages-là, qui émaillent parfois le récit, Tom Ford réussit à saisir la prégnance des choses, la matière qui sépare ou réunit les êtres.
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Georges, prof d'université à Los Angeles dans les années 60, n'arrive pas à surmonter la mort de son ami. Sa solitude habite chacun de plans cadrés avec un soin obsessionnel par l'esthète Tom Ford. Son dernier lien à la vie est sa meilleure amie, interprétée par une Julianne Moore plus belle que jamais et qui crève de solitude tout autant que lui.
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Mélodie romantique sur fond de paysage sixties (on est en pleine crise de Cuba), A Single Man évoque aussi parfois Sirk (le rondo tragique du récit, la frontière avec le mélo de suburb, Julianne Moore en épouse abandonnée) et une constellation d'auteurs qui iraient de Wong Kar-Wai (même volonté d'alchimie sentimentale des images), Johnnie To (quelque chose d'un même glamour d'époque retrouvé dans Sparrow) ou encore Bill Viola (les plans sous l'eau). Mais inutile peut-être de chercher ailleurs, A Single Man est signé Tom Ford. C'est sa déclaration d'amour, à son image ; un film dont la rigueur, la précision, une certaine tenue, un peu maniaque, jusqu'au-boutiste, post maniériste, dessine un cinéma d'une sensualité à la grâce intense, presque pudique, où le réenchantement naît d'un alliage de feu entre l'être et ses apparences.
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Face au résumé de A Single Man, le premier long métrage de Tom Ford, créateur de mode, transfuge de chez Gucci et Yves Saint Laurent, on pourrait être tenté de prendre ses jambes à son cou. L'ultime journée d'un enseignant des années 1960 résolu à se tuer parce qu'il ne supporte pas la mort de son compagnon n'annonçait rien de très rock'n'roll. La sensibilité et l'élégance de Tom Ford transforment pourtant ce qui aurait pu n'être qu'un gros mélo en objet d'art raffiné. Le charme discret de Wong Kar-wai n'est pas loin dans cette adaptation subtile et sensuelle d'Un homme au singulier, roman autobiographique de Christopher Isherwood. Colin Firth, récompensé au Festival de Venise et cité à l'oscar, est pour beaucoup dans la puissance de ce voyage immobile au pessimisme ravageur. Julianne Moore, lumineuse, apporte un supplément dame à une oeuvre si personnelle qu'on se dit qu'un auteur est né.
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Pour son premier film en tant que réalisateur, le couturier Tom Ford affiche le même talent avec une caméra qu’avec une aiguille. Il signe un mélo gay "haute couture", aussi raffiné que sophistiqué. Si on a parfois l’impression de feuilleter l’édition d’un Vogue des années 1960, l’émotion prend quand même le dessus grâce à l’interprétation tout en retenue de Colin Firth, justement nommé aux Oscars.
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Esthétisant comme un Wong Kar-waï, le film n’en distille pas moins une mélancolie poignante. Grâce à Firth, bouleversant à force de dignité, mais pas seulement : en repeignant le ciel du L.A. des années 1960 en rose, en mettant sur la route de George un éphèbe sosie du jeune Tom Cruise qui pourrait bien être un ange, le réalisateur sublime la réalité pour nous restituer celle de George, un homme qui, persuadé qu’il côtoie le monde pour la dernière fois, prend doucement conscience de sa beauté.
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Quand un pape de la mode devient cinéaste, l'élégance s'impose. Pour son premier film (une adaptation de Christopher Isherwood), le couturier Tom Ford présente la collection automne-hiver 1962, à Los Angeles. Un défilé de plans savamment composés, pour une reconstitution ultra chic. Le cadre froidement classieux étouffe l'émotion, malgré les efforts du réalisateur : tic-tac de l'horloge (ah, le temps...), très gros plans sur un visage d'enfant (ah, la vie...). Du coup, les thèmes du film - le deuil, la difficulté à vivre son homosexualité à l'orée des années 1960 - restent confinés dans les limites d'un bel exercice de style.
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En se déconnectant du monde, l'acteur prend le risque de mettre une barrière entre lui et nous. Une de plus à franchir, si tant est que l'on soit parvenu à passer celle de l'ultra-esthétisme glacé de Tom Ford. C'est finalement au travers des personnages satellites, comme ceux de Julianne Moore, vibrante en amie amoureuse, et du jeune Nicholas Hoult, seul à ressentir cet insondable désespoir, que l'on s'approche de l'âme de George. À la flamme vacillante de cet homme exsangue, on retiendra plutôt la vie.
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Adapté du roman de Christopher Isherwood (Un homme au singulier, Points), le film de Tom Ford ressemble souvent à une publicité pour un parfum, qu'il montre les cieux étrangement colorés de Los Angeles ou des corps d'hommes nageant gracieusement sous l'eau. Cette affectation dans l'expression, qui se manifeste aussi par des références appuyées à de grands anciens (une séquence entière est filmée sous une affiche de Psychose), confère à A Single Man une saveur artificielle qui masque presque entièrement la tragédie.
Or il suffit de contempler un instant le visage de Colin Firth pour savoir que le destin de George est d'être voué à la douleur et à l'absence