Fluctuat
Imparfait, inégal, parfois mal foutu jusqu'à l'invraisemblable, autant dire que 30 jours de nuit a de quoi refroidir. Pourtant par sa maladresse angoissante et une poignée de scènes d'un gore glacial, on osera lui donner sa chance.
- Exprimez-vous sur le forum cinémaIl suffit de feuilleter 30 jours de nuit - graphic novel culte de Steve Niles et Ben Templesmith -, pour comprendre que son atmosphère sombre et torturée servie par une esthétique à rebours des clichés du comics est un sérieux défi à relever pour l'adapter au cinéma. Produit par Sam Raimi toujours à la recherche de nouveaux talents (ici David Slade, auteur du réputé Hard Candy), on ne s'étonnera donc pas que le pari du film ne s'avère pas à la hauteur des attentes. Pourtant, de ce néo-western polaire évoquant par trois fois john carpenter (Assaut, The Thing et Ghosts Of Mars), on peut oser prendre la défense. L'idée d'abord, simple, directe : un village perdu en Alaska se fait assaillir par une horde de vampires durant une période nocturne de 30 jours. Rapidement c'est l'hécatombe, puis menés par le shérif du coin (Josh Hartnett), quelques survivants s'organisent. Scénario épuré (pas d'explication rationnelle sur les vampires), reprise d'un schéma hérité de Rio Bravo, crescendo frontal dans la violence, peu d'éléments donc mais des bases solides et efficaces.La faiblesse et l'étrange singularité de 30 jours de nuit tiennent à son aspect chaotique. Slade a conçu un film bizarrement bancal où les invraisemblances pour relancer le récit sont légion. L'effet surligne naturellement les lacunes d'un scénario construit et distendu à la fois. Cependant, ces imperfections créent une ambiance qui, si elle n'est pas toujours renforcée par une mise en scène inégale, laisse malgré tout une empreinte de malaise. L'image, mélange de teintes froides et de saillies baroques, ne reprend peut-être pas non plus la beauté du comics, mais produit quelques visions fortes qui lui sont fidèles tout en étant originales. Sans concession, le film retrouve la barbarie animale et machinique de ces vampires en costard. A renfort de contrastes entre silence angoissant et montée d'ultra violence assourdissante, blancheur immaculée de l'espace et corps démembrées s'étalant en taches éparses rougeoyantes, Slade crée des chocs graphiques d'une brutalité d'autant plus glaçante qu'aucun soupçon d'ironie ne détend l'atmosphère. Ce sérieux donne le ton d'une oeuvre tirant profit de sa maladresse à travers une poignée de scènes suffisamment mémorables pour leur sentiment crépusculaire, dépressif et sauvage. 30 jours de nuit
De David Slade
Avec Josh Hartnett, Melissa George, Ben Foster
Sortie en salles le 9 janvier 2008Illus. © SND
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Le JDD
par Stéphanie Belpêche
Pas de psychologie de bazar, quelques scènes cruelles, des effets spéciaux discrets, un esthétisme soigné: ne boudez pas votre plaisir devant ce survival efficace.
Le Monde
par Jean-François Rauger
Aucune notion d'un éventuel étirement du temps ressenti par les humains survivants et assiégés par les créatures de la nuit n'est sensible pour le spectateur. Si un carton ne venait pas, de façon ridicule, annoncer à chaque fois que plusieurs jours ont passé depuis la séquence précédente, rien n'indiquerait que tout le récit ne s'est pas passé en une nuit. 30 jours de nuit fait donc peu de cas de son postulat de départ, dilapide quelques bonnes idées (l'humain qui s'injecte du sang infecté pour devenir vampire par exemple, la dernière séquence pourtant piquée à l'excellent Blade 2 de Guillermo Del Toro) et se perd dans la confusion la plus totale.