Daniel Auteuil Lumière 2019
Reynaud Julien/APS-Medias/ABACA

Présent au festival lyonnais pour un hommage à sa carrière d’acteur et de réalisateur, Daniel Auteuil a proposé un récital autour de la poésie de Paul-Jean Toulet. Un moment exceptionnel.

Une chute et un rêve. C’est d’abord un livre qui tombe d’une bibliothèque. Daniel Auteuil le ramasse, prêt à le remettre à sa place et observe la couverture : Poésies de Paul-Jean Toulet. À l’intérieur, cette dédicace : « Pour Dani, à lire quand tu seras devenu grand ! signé Maman ». « Dani c’est moi ! » dit Daniel Auteuil assis sur un tabouret, une guitare à la main et un micro face à lui. Devant le comédien, présent à Lyon pour un hommage à sa prestigieuse carrière d'acteur et de réalisateur, il y a foule. Des spectateurs se sont même installés sur les marches. La salle de l’Institut Lumière a fait le plein ce lundi soir. Daniel Auteuil propose un récital baptisé Déjeuner en l'air.

Daniel Auteuil qui chante, ce n’est pas rien. Ce n’est pas banal non plus. Paul-Jean Toulet donc, tombé du ciel (ou presque) Poète peu connu et mondain à cheval entre la dernière moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle qui laissa, entre autres, des Contrerimes, quatrains à la structure complexe donnant pourtant une impression de légèreté. « Douce plage où naquit mon âme ; Et toi, savane en fleurs. Que l’Océan trempe de pleurs. Et le soleil de flamme. » Pour se lancer Auteuil n’a donc pas choisi la facilité. Heureusement, il va bientôt s'appuyer également sur des classiques d'Apollinaire ou de Baudelaire.

Une chute et maintenant ce rêve. Daniel Auteuil le raconte avec amusement. Le voici autour d’une table suspendue dans les airs pour déjeuner. Autour de lui : Hugo, Musset, Voltaire, Baudelaire et Apollinaire. Le comédien n’a pas le vertige et explique aux grands hommes qu’il veut chanter leur prose. Stupeur chez certains. Détail amusant, dans ce rêve, « je ne sais pas pourquoi, Victor Hugo a la voix de Charles Pasqua ! » Hilarité de la salle lyonnaise conquise.

Pour ce spectacle d’une heure à peine, Auteuil accompagné d’un guitariste, récite, chante, n’hésite pas à faire monter sa voix dans les tours et les aiguës. Son organe incertaine par endroit donne un supplément d’âme à cet ensemble et vient rappeler le courage de l’exercice. « Sous le pont Mirabeau coule la Seine… », le comédien fait sonner Apollinaire en y mettant une profondeur étudiée. Doux péché du tragédien qui sait parfaitement ce que produisent ses effets. Ce spectacle exceptionnel rodé une première fois à Arles où Daniel Auteuil réside désormais, va peut-être tourner dans toute la France. « Pour l’heure, ça reste encore de l’artisanat, on verra… » Daniel Auteuil sourit et remercie. Un très beau moment.

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