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Quand l’enfant disparaît… Tel pourrait être le sous-titre de ce troisième long métrage du roumain Constantin Popescu, dont le travail reste méconnu en France, à l’exception de sa participation au film collectif Contes de l’âge d’or, en 2009. Car tel est bien – à l’image, l’an passé, de Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev ou Mon garçon de Christian Carion - le drame angoissant que va vivre le couple de trentenaires, au centre de ce récit. Lui travaille dans une entreprise de téléphone, elle comme comptable. Ils ont deux enfants et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’au jour où, lors d’une promenade dans un parc, leur petite fille disparaît. Le début d’une descente aux enfers et aux confins de la folie. Le point de départ de l’implosion de cette cellule familiale unie. A l’écran, cette disparition soudaine donne lieu à un grand moment de cinéma. Un plan séquence de 20 minutes qui place le spectateur dans la peau de ce père de plus en plus paniqué. Avec donc d’emblée la certitude que Popescu ne traitera pas ce sujet – en partie inspiré par une douloureuse histoire personnelle – par le seul prisme de l’émotion basique mais en faisant du cinéma. Popescu ne déviera jamais de cette ligne à travers une mise en scène ambitieuse et une nécessité absolue d’étirer le récit à 2h30 pour raconter tout à la fois le chagrin, la rage, la honte de cet homme face à cette poignée de secondes d’inattention qui font que plus jamais rien ne sera comme avant dans sa vie. L’ensemble se révèle impressionnant et étouffant à souhait avec ce sentiment permanent que ses défauts - ces inévitables longueurs ressenties devant l’écran – nourrissent ce qui en fait sa puissance et sa singularité