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Il y a longtemps qu’Abel Ferrara ne délivre plus que des miniatures qui tiennent plus du croquis crayonné que de l’oeuvre pensée et charpentée. Go Go tales, qu’il a réalisé en 1997, n’échappe pas à la règle. C’est un brouillon invertébré, mais tellement rempli d’idiosyncrasies qu’il en devient attachant, au moins pour ceux qui ont aimé ses premiers films.
Le début rappelle New York deux heures du matin, avec cette histoire d’entreprise menacée. Mais Ferrara n’a plus ni les moyens ni l’envie de construire une intrigue. Il se contente de lancer le thème comme un musicien de jazz, avant d’inviter une ribambelle de solistes à improviser. Pour l’occasion, il a rassemblé une collection pittoresque de vieux briscards plus ou moins amortis de la culture underground (Anita Pallenberg, Sylvia Miles, Burt Young, Asia Argento,…) qui apportent avec eux leur propre histoire. Ce cirque burlesque peut aussi se voir comme une métaphore du propre parcours de Ferrara, ce qui est assez touchant.
Toutes les critiques de Go Go Tales
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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"Go Go Tales" : contes et légendes de la survie pour les êtres qui s'exigent producteurs d'eux-mêmes.
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"Go Go Tales" semble fait d'impressionnistes fragments où l'humour teinté de mélancolie des situations et des types humains domine un récit réduit au minimum.
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En infiltrant les coulisses imaginaires d’un cabaret chic de gogo danseuses, Ferrara livre une comédie virtuose qui se regarde à la fois comme une étude de moeurs et comme un hommage émouvant rendu aux acteurs
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Présenté à Cannes en 2007, Go Go Tales est enfin distribué en France. Avec un certain ravissement, on découvre une veine comique inhabituelle chez le réalisateur de Bad Lieutenant, qui croque là l'émouvante faune d'un strip-club new yorkais à la dérive.
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Avec ses strip-teaseuses au grand coeur, son patron de boîte de nuit qui joue sa fortune au Loto, l'univers de Go Go Tales relève plus du conte de fées que du roman noir. Abel Ferrara le met de toute façon en scène avec virtuosité. (...) Jamais la mise en scène de Ferrara ne s'était déployée avec une telle légèreté, une telle fluidité, une telle grâce - sauf peut-être dans Nos funérailles, mais il n'y avait pas cette joie, ce sens de la comédie avec lequel, suprême élégance, le cinéaste new-yorkais tient la mélancolie à distance. Comme s'il s'était temporairement délesté de ses démons, il semble n'avoir rien voulu d'autre avec ce film que réunir sa famille cinématographique et magnifier ses actrices.
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Une comédie coquine où les règles usuelles cinématographiques sont généreusement bafouées.
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Jamais Abel Ferrara n’est apparu aussi drôle et léger, érotomane pour une fois délesté du pesant Thanatos. Et l’on se dit, une fois les lumières de la salle rallumées, qu’on aurait bien glissé quelques dollars pour passer une heure ou deux de plus au Paradise, en attendant the last day on Earth.
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On vit une triste époque. Un âge où des oeuvres aussi belles que Go Go Tales ne trouvent pas de distributeurs. Enfin pas tout à fait. L'éditeur Capricci sort le film mercredi. Go Go tales a pourtant été présenté à Cannes en 2007 et il n'est pas l'oeuvre d'un cinéaste inconnu, mais d'Abel Ferrara, totem new-yorkais du cinéma indépendant (...) Le cinéma de Ferrara tient de fait de l'opération commando: (...) Pour autant, Ferrara n'est pas un casse-cou où, ni même un rêveur. Il s'accroche "à la réalité". C'est toute la différence entre lui et Ray Ruby, le personnage central de Go Go Tales, magnifiquement interprété par Willem Dafoe
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Abel Ferrara refait ses gammes de cinéma sur le corps des femmes (..) Go Go Tales est un film prétexte à l'exploration de son propre univers, à un épure d'où surgissent des formes que le cinéaste fait jouer entre elles devant la caméra jusqu'à les évider. (...) Go Go Tales remet néanmoins en mémoire que Ferrara est un fort bon cinéaste (...)
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par Guillaume Loison
Un petit Ferrara ? Pas si sûr. Dans ce conte fauché explorant la sociologie d’un cabaret de strip croulant sous les dettes, l’ex-enfant terrible du cinéma américain révèle une forme olympique. On a rarement vu mise en scène aussi suave et déliée, s'enrouler autour du corps des danseuses, planer sur l’architecture fatiguée du bouge. Et la comédie de caractères livrée en prime fonctionne à merveille. Mue par l’énergie du désespoir et les névroses du maître des lieux (le reptilien Willem Dafoe, projection archiprobable du cinéaste), elle orchestre tout ce qui se fait de mieux chez Ferrara : amour de la déglingue et des marginaux, art du contre-pied, de la divagation. Un film de clochard céleste.
C'est plaisant, mais on comprend vite que Ferrara ne croit pas tout à fait à cette fiction vintage ni à ces personnages truculents. Attribuant des talents artistiques à chacun(e), filmant la boîte comme un supercabaret, il tient surtout, avec ce petit monde de saltimbanques déjantés, la métaphore d'un cinéma indépendant créatif, en panne sèche de financements. Et il peaufine son autoportrait en Willem Dafoe, patron démiurge au pied du mur, que seul un énorme gain au loto sauverait. On peut toujours rêver.
Un petit Ferrara ? Pas si sûr. Dans ce conte fauché explorant la sociologie d’un cabaret de strip croulant sous les dettes, l’ex-enfant terrible du cinéma américain révèle une forme olympique. On a rarement vu mise en scène aussi suave et déliée, s'enrouler autour du corps des danseuses, planer sur l’architecture fatiguée du bouge. Et la comédie de caractères livrée en prime fonctionne à merveille. Mue par l’énergie du désespoir et les névroses du maître des lieux (le reptilien Willem Dafoe, projection archiprobable du cinéaste), elle orchestre tout ce qui se fait de mieux chez Ferrara : amour de la déglingue et des marginaux, art du contre-pied, de la divagation. Un film de clochard céleste.
Un conte ficelé à la va vite avec une propriétaire en guise de sorcière et le Loto comme bonne fée. Il n'y a guère que cette candeur fébrile suintant à chaque plan à laquelle se raccrocher, s'attarder. C'est peu.
L'humour saumâtre qui baigne tout ce film malade est à l'égal de la situation du cinéaste toujours vaillant quand il s'agit de signer de beaux plans sur des culs qui ondulent (...), mais passablement largués dans une industrie qui a considérablement rogné la notion de marge.
C'est un foutoir comme Ferrara les aime parfois. Go Go Tales, dans les tiroirs depuis 2007, est anecdotique dans l'oeuvre du réalisateur. On peut néanmoins s'y aventurer pour la tendresse manifeste et communicative que Ferrara porte à ses personnages (...)
Abel Ferrara film un Willem Defoe en roue libre. Brouillon et paresseux.