Looper sera rediffusé ce soir sur W9 à 20h55.
En mars 2013, Première rencontrait Rian Johnson juste avant la sortie en DVD de Looper, film de SF avec Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis. On retrouvera le long métrage ce soir sur W9 à partir de 20h55.
Première : Looper a rapporté 166 millions de dollars à travers le monde alors qu'il en avait coûté 30. Quelles étaient vos attentes en terme de succès ?
Rian Johnson : Je n’en avais aucune. Nous avons monté Looper en indépendants et je ne me doutais absolument pas, au moment du tournage, qu’il bénéficierait d’une aussi grosse sortie en salles. Je me demandais également si le grand public allait être réceptif à la voie parfois très sombre qu’emprunte le film, notamment à travers le personnage qu’interprète Bruce Willis. De toute façon, si vous vous attaquez à un projet en vous demandant comment il va être reçu, c’est que vous le faites probablement pour de mauvaises raisons. Le succès de Looper et l’enthousiasme qu’il a suscité ont été une vraie surprise pour moi. Une très agréable surprise.
Vous avez prouvé qu’il existe une demande pour un cinéma de genre original et intelligent...
En ce moment, il se passe quelque chose de très encourageant dans la SF avec l’apparition de cinéastes indépendants comme Duncan Jones (Moon, 2009) ou Shane Carruth (Primer, 2004), mais aussi, à une plus grande échelle, avec le succès de Christopher Nolan, dont les films s’adressent à un public très large sans pour autant porter atteinte à leur intégrité.
REVIEW - Looper : votre futur moi s'en souviendra
On aurait pu croire, justement, que le carton d’Inception ouvrirait plus de portes...
Je vois les choses différemment. On peut bien sûr regretter qu’il n’y ait pas eu plus de films comme Inception depuis 2010, mais sachant à quel point il est difficile de monter ce genre de projet, je ne peux m’empêcher de penser qu’il est déjà miraculeux d’en avoir eu un comme celui-là. Je suis peut-être naïf dans le sens où je n’ai jamais travaillé pour un studio,mais je ne crois pas qu’Hollywood soit un rempart qui empêche les grands films de se faire. La réalité, c’est que les grands films sont rares, tout simplement.
Seriez-vous prêt à sacrifier votre liberté en échange d’un plus gros budget ?
Je ne serais pas contre, surtout quand je vois des réalisateurs comme Nolan ou Guillermo del Toro qui, tout en évoluant au sein du système, tournent des œuvres éminemment personnelles. Mais ne nous leurrons pas : on a autant de contraintes – sinon plus – sur un film indépendant que sur un film de studio.
Le verre à moitié plein, encore une fois...
Je ne sais pas ce qui se passe, mais cette conversation me rend étrangement optimiste. Merci pour la thérapie ! (Rire.)
Looper : on a confronté Rian Johnson à son futur lui
La bande-annonce de Looper vendait un film d’action dans lequel Joseph Gordon-Levitt pourchassait son "futur lui", incarné par Bruce Willis. Mais à mi-parcours, l’intrigue opère un virage pour devenir ce stupéfiant mélange entre Witness et Akira...
Je me rappelle avoir parlé de ça avec Bruce Willis sur le plateau. On savait très bien que le marketing se focaliserait sur la première moitié du film, plus orientée action, et que la suite prendrait les spectateurs totalement par surprise. Ce qui, je l’avoue, me procurait une sorte de satisfaction perverse. De nos jours, plus personne n’entre dans une salle de cinéma en n’ayant aucune idée de ce qui l’attend. C’est devenu le luxe ultime.
Le DVD propose cinq scènes coupées alors que l’édition Blu-ray en contient vingt-deux...
Je tiens à préciser que nous ne sommes pas en train de vous pousser à débourser plus pour le Blu-ray. C’est dû à une contrainte technique : si nous avions mis toutes les scènes coupées sur le DVD, il aurait fallu davantage compresser le film et l’image aurait perdu en qualité.
Si vous pouviez réintégrer l’une de ces scènes dans le film, laquelle choisiriez-vous ?
Honnêtement, aucune. J’ai la chance que tous mes films soient sortis dans leur version director’s cut. Ces scènes ont toutes été coupées pour de bonnes raisons. Leur place est dans les suppléments.
On y trouve aussi l’un de vos premiers courts métrages en noir et blanc, Evil Demon Golfball from Hell !!!, qui n’a pas volé ses trois points d’exclamation...
Mon Dieu... Je devais avoir 19 ans lorsque j’ai tourné ça à la fac de cinéma avec Steve Yedlin, mon chef opérateur sur Looper et sur mes deux précédents longs métrages.
Si vous pouviez remonter dans le temps et rencontrer l’étudiant de 19 ans que vous étiez, ça donnerait quoi ?
J’aurais probablement envie de lui mettre des claques ! (Rire.)
Par Mathieu Carratier
Depuis ce joli succès, Rian Johnson a été embauché par Disney pour mettre en scène Star Wars 8, qui sortira en décembre 2017 au cinéma.
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