Michel Piccoli est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur français. Né le 27 décembre 1925 à Paris, d'un père violoniste et d'une mère pianiste, il partage son enfance entre la capitale et la Corrèze. Et c'est à 9 ans, à l'occasion d'un spectacle de théâtre de fin d'année inspiré d'un conte d'Andersen, qu'il prend conscience de son désir de jouer la comédie. Michel Piccoli s'inscrit alors au Cours Simon. pagebreakIl fait ses débuts au cinéma en tant que figurant dans Sortilèges, de Christian-Jacque, en 1945. Puis, Michel Piccoli obtient un rôle de comédien dans le Point du jour, du réalisateur Louis Daquin. Jusqu'aux années 60, il enchaîne les rôles secondaires, ce qui lui forge une belle expérience et lui permet de faire de nombreuses rencontres. C’est en 1962 qu’il se fait remarquer, dans un film de Jean-Pierre Melville intitulé Le Doulos. Grâce à sa performance dans ce film, il est invité à tourner dans Le Mépris, un film de Jean-Luc Godard. Michel Piccoli y interprète le rôle du scénariste Paul Laval au côté de l’actrice Brigitte Bardot, qui joue son épouse. Dès lors, il est mieux connu du grand public, et de multiples propositions affluent.
Les plus célèbres réalisateurs de cinéma français se l’arrachent. On compte parmi eux, les cinéastes Alain Resnais, Costa-Gavras, Roger Vadim, Jacques Demy, mais aussi Michel Deville. Il est aussi interpellé par des metteurs en scène internationaux, puisqu'il a, par exemple, travaillé avec le célèbre réalisateur américain, d’origine britannique, Alfred Hitchcock. Avec eux, il tourne La guerre est finie, Compartiment tueurs, La curée, Les demoiselles de Rochefort, Benjamin ou les mémoires d'un puceau ou encore L'étau. L'une des rencontres fondatrices dans la carrière de Piccoli sera Marco Ferreri. Ce dernier lui offre un rôle dans Dillinger est mort en 1968. La collaboration entre les deux hommes de cinéma sera efficace. Ils tourneront 6 films ensemble, notamment La grande bouffe, en 1973, qui provoquera moultes controverses, marquant ainsi les esprits.pagebreakDès 1970, Michel Piccoli devient un des acteurs favoris du cinéaste Claude Sautet. L'acteur est en tête d’affiche de son film intitulé Les choses de la vie, et tourne aux côtés de la talentueuse Romy Schneider et de l’italienne Léa Massari. Le film est un succès et remporte le Prix Louis-Delluc. Un an plus tard, Claude Sautet lui donne à nouveau le premier rôle dans Max et Les Ferrailleurs. Piccoli retrouve Romy Schneider en 1972 dans César et Rosalie, où il narre son histoire avec Yves Montand. Puis, en 1974, Piccoli fait parti de Vincent, François, Paul... et les autres, offrant au réalisateurs deux prix supplémentaires : le prix Jean Cocteau et du celui du meilleur film du festival de Téhéran. Mais Michel Piccoli n’est pas seulement le favori de Sautet, il entretient une bonne relation avec le réalisateur hispano-mexicain Luis Bruñuel. Ce dernier lui confiera plusieurs rôles, notamment dans Le journal d’une femme de chambre, l’adaptation cinématographique d’un livre d’Octave Mirbeau. Ils tourneront 6 films ensemble, dont Belle de jour, avec Brigitte Bardot en 1967 et Le charme discret de la bourgeoisie en 1972.
Néanmoins, Piccoli ne se focalise pas que sur le grand écran. Il est aussi présent dans des rôles à la télévision, qui concourent à consolider sa notoriété. Il joue dans des téléfilms comme Les joueurs, mais aussi dans Don Juan ou le Festin de Pierre. Les deux films sont réalisés par Marcel Bluwal. Michel Piccoli est alors très apprécié. Loin de ne se satisfaire que de cela, il opère un tournant dans sa carrière et se dirige vers des rôles plus ambigües, plus dramatiques, auxquels n'adhère pas toujours le public. Outre son rôle d'homo dans La grande bouffe, il devient méprisant dans Les noces rouges et reste cloîtré seul dans sa chambre pour Claude Chabrol dans Themroc en 1973. L'année suivante, il incarne un homme amoureux d'une poupée gonflable dans Grandeur nature et un escroc dans Le trio infernal.Pour l'acteur, les années 80 seront marquées par ses collaborations avec de jeunes cinéastes, comme Jacques Doillon et Leos Carax avec Mauvais sang. Il croisera également le chemin de Ettore Scola (La nuit de Varennes), Yves Boisset (Le prix du danger), Jean-Luc Godard (Passion) et Claude Lelouch (Viva la vie).La décennie d'après, Michel Piccoli se lance dans la réalisation. Son premier court-métrage, Contre l'oubli, date de 1991. Le deuxième, Train de Nuit, est achevé en 1994 et met en scène Dominique Blanc. Il la retrouve en 1997, lorsque sort enfin son premier long métrage. Il s’intitule Alors Voilà et dresse le portrait d'un homme cherchant désespérément à préserver la cohésion de sa famille. Quatre ans plus tard, Piccoli réalise son deuxième long La Plage Noire, adapté du livre de François Maspero. Son dernier film en tant que réalisateur sort en 2005 et s’intitule C'est pas tout à fait la vie dont j'avais rêvé. Il a été présenté au Festival de Cannes, hors compétition.pagebreakBien qu'ayant endossé le rôle de réalisateur, il ne néglige pas pour autant celui d'acteur. Il interprète un peintre face à son modèle Emmanuelle Béart pour Jacques Rivette dans La belle noiseuse, en 1991, joue L'ange noir de Jean-Claude Brisseau en 1994, puis devient Monsieur Cinéma pour Agnès Varda en 1995, à l'occasion du centenaire du cinématographe des frères Lumières, dans Les cent et une nuits. Il porte l'année suivante le costume d'époque chez Edouard Molinaro pour Beaumarchais l'insolent et se mêle aux autres Acteurs, de Bertrand Blier, à l'aube de l'an 2000.Le passage au XXIème siècle n'effraie absolument pas l'acteur. A plus de 75 ans, Piccoli tourne Je rentre à la maison de Manoel de Oliveira, La petite Lili de Claude Miller ; tente une excursion dans le monde du dessin animé et prête sa voix à Ferdinand dans La prophétie des grenouilles ; retrouve Rivette pour Ne touchez pas à la hache et joue le père de Jane Birkin dans Boxes, le film de cette dernière. Il s'immisce même dans le court-métrage de Théo Angelopoulos, inclut dans le long Chacun son cinéma.Débordant d'énergie, Piccoli est à l'affiche de The dust of time d'Angelopoulos, et de Une femme comme Romy de Josef Rusnak, biopic sur la vie de l'actrice.
Mais il serait malhonnête de cantonner Michel Piccoli à un simple acteur de cinéma. Il est aussi un homme de théâtre. Parallèlement à ces début au cinéma, il rejoint l’équipe théâtrale du couple Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault. C’est au sein de cette compagnie qu’il fait ses armes. En 1948, la première pièce dans laquelle il joue s’intitule Le Matériel Humain. Il foule ainsi les planches de salles comme le Théâtre de La Bruyère, Le Théâtre Hébertot, mais aussi La Comédie des Champs Elysées. Il interprète notamment Le vicaire de Rolf Hochhuth en 1963, Combat de nègres et de chiens de Bernard-Marie Koltès, mis en scène par Patrice Chéreau en 1983, et touche aussi à un répertoire plus classique. Il prend alors possession des personnages créés par Racine, Marivaux, Shakespeare, Char, Duras et Guitry. En 2006, il est le roi Lear de Shakespeare, dans une mise en scène de André Engel, qu'il retrouve en 2009 pour Minetti de Thomas Bernhard, au théâtre de la colline. Plus de 25 pièces jalonnent le parcours sur les planches de cet acteur polyvalent.Engagé, Piccoli est un homme qui se sent très concerné par concerné par la politique. Il fréquente assidument Saint-Germain-des-Près dans les années 60 et y croise Boris Vian, Simone Signoret et Yves Montand, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, renforçant ainsi son penchant pour le communisme. Des années plus tard, il soutien Lionel Jospin lors de sa campagne présidentielle en 2002. Puis celle de Ségolène Royal, en intégrant son groupe de soutien des artistes.pagebreakMichel Piccoli a été marié trois fois : l'actrice Eléonore Hirt en 1954, qui lui donnera une fille, Anne-Cordélia ; puis il épouse l'actrice et chanteuse Juliette Gréco en 1967, avec qui il restera marié 10 ans ; et Ludivine Clerc enfin, qu'il épouse en 1980 et avec qui il a écrit le scénario de La plage noire.Avec une carrière aussi longue qu’élogieuse, il devient une figure de proue du cinéma français. S'il n'a jamais eu de César, Michel Piccoli obtient le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes en 1980 pour son rôle de juge sexuellement désaxé dans Le saut dans le vide, de Marco Bellocchio. Deux ans plus tard, il rafle l'ours d'argent du meilleur acteur à Berlin pour Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre. Il revient sur la Croisette lors de la 60ème édition du festival, en 2007, en tant que membre du Jury. La même année, il reçoit le Léopard de la meilleure interprétation masculine au Festival de Locarno. Sa prestation, dans le film Les toits de Paris, est à l’origine de cette récompense.
En 2011, il incarne le Pape dans le film de Nanni Moretti, Habemus Papam présenté en compétition du Festival de Cannes.