Voici notre bilan de la rentrée des séries US.
Cela fait maintenant quelques semaines que la télé américaine a fait sa rentrée, avec son lot de nouveautés. Bien sûr, les plus en vue ont certainement été The Young Sheldon, le spin-off de Big Bang Theory, et The Gifted, dérivée de X-Men (on ne parlera pas des Inhumains...). Mais une douzaine d'autres shows ont investi le petit écran, depuis la mi-septembre. Des comédies loufoques ou des dramas énigmatiques, des cop-shows réinventés ou des séries militaires qui sentent fort la testostérone... Il y a de tout, du bon, et du moins bon. Alors pour vous aidez à choisir, on a tout regardé. Voici notre guide des nouveautés de la rentrée 2017 des séries US.
- 9JKL
Comédie - CBS
Intérêt : À éviter
L'histoire : Josh est un acteur de série sur le déclin. Sa série, un navet intitulé "Blind Cop", vient d'être annulée. Et fraîchement divorcé, il a perdu tout son argent. Le voilà donc de retour à New York, dans l'immeuble de ses parents envahissants et de son frère... envahissant aussi.
Notre avis : Ça fait franchement mal aux oreilles d'entendre des rires enregistrés, dans une série, en 2017. Passe encore que Big Bang Theory garde le principe. Mais là, ça ramène directement 9JKL à ce qu'elle est : une grosse sitcom bas du front, déjà vue et totalement ringarde. Une espèce de farce familiale, terriblement potache. Les parents notamment (dont Elliott Gould, qui jouait le père de Ross et Monica dans Friends), donnent l'impression d'une comédie de boulevard de seconde zone. Mark Feuerstein (l'ancien Docteur de Royal Pains) dit s'être inspiré de sa propre vie pour créer cette comédie dont il est aussi la star. Seul problème : sa vie n'a pas d'intérêt ! On préférerait encore voir "Blind Cop"...
Chances de rester à l'antenne (d'après les premières audiences) : bonnes.
- DYNASTY
Drama - CW
Intérêt : À éviter
L'histoire : Fallon Carrington, héritière d'une riche famille, découvre, à son grand malheur, que son père, Blake, entretient une liaison avec sa rivale, Cristal. Fallon complote alors contre Cristal avec le chauffeur de Blake - qui est aussi l'amant de Fallon - puis avec l'ennemi juré de Blake, Jeff Colby. Pendant ce temps, l'arrivée du neveu de Cristal, Sam, menace de mettre en lumière les secrets du passé de la jeune femme...
Notre avis : Faire un remake d'un vieux soap daté et déjà ringard, il y a 30 ans, était-ce bien utile ? Même dépoussiéré et vaguement remis au goût du jour, on a juste envie de dire non !
Chances de rester à l'antenne : faibles.
- GHOSTED
Comédie - Fox
Intérêt : À éviter
L'histoire : Leroy était un super-flic de la Police de Los Angeles, qui a rendu son badge, après la mort de son coéquipier. Max était un ponte en astrophysique, jusqu'à ce que sa femme disparaisse du jour au lendemain. Persuadé qu'elle a été enlevée par des Aliens, il se fait virer de son poste à l'Université. Ils ne se connaissent pas, mais Leroy et Max vont être enlevés en plein jour, par une mystérieuse agence gouvernementale, le Bureau Underground, qui s'occupe des affaires paranormales et autres extraterrestres. Ce dernier a besoin de leurs compétences, pour retrouver un de leurs agents, disparu dans de mystérieuses circonstances...
Notre avis : Une petite parodie de X-Files, portée par Craig Robinson (Brooklyn Nine-Nine, The Office) et Adam Scott (Big Little Lies, Parks & Rec), cela pouvait paraître excitant sur le papier. Dans les faits, c'est totalement raté. Notamment parce que les vannes sont incroyablement foireuses et les storylines désespérément écrites. L'alchimie entre ces Mulder et Scully de la comédie est là, mais la série n'a juste rien d'excitant à leur proposer. L'ambiance est potache au possible et la mise en scène, digne d'une vidéo du web, ne rend pas justice aux ambitions d'action affichées par Ghosted. Reste donc une grosse blague pas drôle, un lourd sketch sur le paranormal, à des années-lumières du délire SF que le show aurait pu être.
Chances de rester à l'antenne : élevées.
- KEVIN (PROBABLY) SAVES THE WORLD
Drama - ABC
Intérêt : À regarder
L'histoire : Kevin est un type au fond du trou, qui rentre dans sa ville natale, après une tentative de suicide. Il s'installe chez sa soeur, Amy, ingénieure réputée et conseillère auprès du Gouvernement américain. Cette dernière ne va pas bien non plus, puisqu'elle a perdu son mari. Elle élève donc désormais seule sa fille, et se réjouit de voir Kevin revenir à la maison. Mais le soir de son arrivée, une incroyable tempête de météores s'abat sur la Terre. Une trentaine d'objets célestes s'écrasent aux quatre coins du monde... dont un au Texas, juste à côté de chez Amy. Alors que cette dernière est appelée en urgence par le gouvernement, Kevin décide d'aller jeter un coup d’œil au météore. En le touchant, il est soudain projeté dans les airs. Et le caillou se transforme alors en Yvette, qui prétend être une envoyée de Dieu, qui doit protéger Kevin et le guider dans une grande quête pour retrouver les 36 autres "Vertueux" et sauver le monde...
Notre avis : Le pitch est assez fou et il se dégage de cette comédie fantastique de très bonnes vibes, aussi attachantes qu'intrigantes. La mythologie est puissante et prometteuse, mais elle ne prend pas le pas sur l'humain. La série a construit habilement des personnages abîmés et des relations empreintes d'une sincérité manifeste. Kevin (probably) saves the World s'annonce comme un joli drama, souvent émouvant et qui a déjà au moins réussi à piquer notre curiosité...
Chances de rester à l'antenne : faibles.
- LAW & ORDER TRUE CRIME : THE MENENDEZ STORY
Drama - NBC
Intérêt : À découvrir
L'histoire : Cette anthologie retrace de grandes et vraies affaires criminelles ayant marqué l'Amérique. Elle s'intéresse, dans la première saison, au procès de Lyle et Erik Menendez, deux frères accusés d’avoir assassiné leurs parents en 1989.
Notre avis : L'inépuisable Dick Wolf continue sa franchise, en mixant un peu de Law & Order avec un peu d'American Crime Story. Le résultat est plutôt réussi. Il plaira en tout cas aux fans du genre, grâce notamment à la prestation d'une Edie Falco (Les Soprano) bluffante en avocate de la défense. Reste que l'affaire Menendez n'est pas toujours très passionnante. Et si elle aurait fait une excellente base pour un épisode classique de Law & Order, elle ne justifie peut-être pas qu'on lui consacre une mini-série entière !
Chances de rester à l'antenne : bonnes.
- ME, MYSELF AND I
Comédie - CBS
Intérêt : À découvrir
L'histoire : Alex Riley a 14 ans. Il est un fan absolu de Michael Jordan. Il adore inventer des trucs. Nous sommes en 1991, et sa vie va basculer, puisque sa mère, hôtesse de l'air, va se remarier avec un pilote de ligne. Il va donc déménager à Los Angeles et se retrouver avec un demi-frère. En 2017, Alex a 40 ans et découvre que sa femme le trompe. En plein divorce, il perd sa maison et se retrouve contraint d'habiter dans le garage de son meilleur ami, alors que ses inventions ont bien du mal à trouver preneurs. En 2042, Alex a 65 ans. C'est un riche patron d'enterprise, qui décide de partir à la retraite, après avoir fait un infarctus. C'est à ce moment-là qu'il retrouve l'amour de son enfance...
Notre avis : On est en plein Boyhood du pauvre. La série n'a pas été tournée sur une décennie, mais en deux mois... Du coup, le résultat n'a évidemment pas la même saveur que l'excellent film de Robert Linklater. Ici, les émotions ont franchement l'air artificielles et il dégouline de l'ensemble un certain sentimentalisme exaspérant. Malgré tout, l'idée reste amusante. On retrouve surtout avec plaisir l'ambiance 90's des jeunes années d'Alex et le casting général dégage une bonne humeur communicative (on retrouve d'ailleurs ce bon vieux Jaleel White, alias Steve Urkle). Mais on sent surtout que Me, Myself and I a bien envie de surfer les vibes familiales "à travers le temps" de This is Us...
Chances de rester à l'antenne : faibles.
- SEAL TEAM
Drama - CBS
Intérêt : À éviter
L'histoire : Une équipe de Navy Seals, appelée pour des opérations de premier ordre, comme la capture de chefs terroristes. Même s'ils sont des soldats surentraînés, ils n'en restent pas moins des hommes. Alors pas facile de jongler avec la famille, quand on sort de l'angoisse du terrain...
Notre avis : On est exactement sur le même créneau que The Brave (voir ci-dessous), mais en bien pire. Le nouveau drama d'action porté par David Boreanaz (qui vient juste de finir Bones) est un pur nanar manichéen, sans aucune nuance ni subtilité. L'idée, c'est de suivre des soldats en train de débusquer des terroristes, au Moyen-Orient, avant de rentrer à la maison, perclus de "PTSD". Même si la réalisation a - par très courtes séquences - l'ambition de nous plonger au cœur d'une opération, de manière ultra-réaliste, le résultat est juste bête et méchant.
Chances de rester à l'antenne : très élevées.
- THE BRAVE
Drama - NBC
Intérêt : À découvrir
L'histoire : On suit une équipe d'analystes, à Washington, au sein des services de renseignements, qui s'occupent des différentes menaces terroristes et notamment de la sécurité des Américains à l'étranger. Ils passent ensuite le relais, sur le terrain à une équipe des Forces Spéciales, chargée d'exécuter les ordres. C'est là qu'entrent en scène Adam Dalton et sa bande de francs tireurs, basés au Moyen-Orient et chargés de récupérer des otages, par exemple...
Notre avis : On hallucine un peu de voir les héros de The Brave monter dans l'hélicoptère qui les emmènera au cœur du danger... sur la musique pop de Fall Out Boy ! On est vraiment en plein dans le cliché des cowboys américains, qui ont toujours le doigt sur la gâchette. Mais il faut reconnaître que la série est d'une redoutable efficacité. Le premier épisode s'offre une première mission sauvetage à couper le souffle, sous la houlette du duo Mike Vogel (Under the Dome) / Anne Heche (Volcano). C'est excitant, c'est plein de suspense et d'action. Et l'équipe de Dalton ne manque pas d'une vraie diversité, appréciable. Le série prend aussi soin - et c'est à noter - de ne pas faire d'amalgame entre musulmans et terroristes. Reste que tout ça est incroyablement simpliste et nationaliste. Alors il n'y a pas non plus de quoi s'infliger un épisode par semaine.
Chances de rester à l'antenne : élevées.
- THE GOOD DOCTOR
Drama - ABC
Intérêt : À découvrir
L'histoire : Shaun Murphy est un très jeune chirurgien autiste, atteint du Syndrome du savant. Il sait tout sur le corps humain et sera indéniablement un génie de la médecine. Mais en raison de son trouble du comportement et d'une enfance incroyablement tragique, il a bien du mal à communiquer avec les autres, et surtout avec les patients. Néanmoins, son mentor et protecteur, le Président du San Jose St. Bonaventure Hospital, lui trouve une place d'interne dans son établissement, ce qui ne fait pas que des heureux dans l'équipe...
Notre avis : David Shore, le créateur de Dr House, a purement et simplement recyclé son génial concept, qui a fait de Hugh Laurie une superstar du petit écran. Nous revoilà, 5 ans plus tard, avec une nouvelle série médicale centrée sur un médecin brillant, mais inadapté socialement. La redite est un peu dure à avaler, d'autant que les premiers épisodes de The Good Doctor enfilent les clichés sur l'autisme comme des perles, et enfonce une à une les portes de la série médicale de base. Bref, tout ça n'est pas bien original. Reste que la prestation de Freddie Highmore (déjà excellent en jeune Norman Bates) mérite le détour. Comme Laurie avant lui, on sent bien que tout le drama tiendra sur ses épaules. Et puis avouons-le, Shore a encore l'art et la manière d'écrire des joutes médicales qui nous mettent totalement sous tension.
Chances de rester à l'antenne : très élevées.
- THE MAYOR
Comédie - ABC
Intérêt : À découvrir
L'histoire : Courtney Rose habite Fort Grey, une petite ville de Californie, qui compte quelque 50 000 habitants. C'est un bon petit rappeur local, qui cherche à se faire de la pub, en utilisant l’élection municipale. Il se présente face au maire sortant, pour se faire un nom. Mais contre toute attente, après un débat dans lequel il a fait sensation, en bon gars du peuple, parlant au nom du peuple, c'est lui qui l'a emporté ! Le voilà désormais aux commandes de la Mairie. Sauf qu'il n'a pas le moindre programme, ni la moindre idée du fonctionnement des lieux...
Notre avis : La réussite de cette gentille comédie sociale, c'est son casting : Brandon Micheal Hall, Lea Michele et Yvette Nicole Brown - accompagnés des excellents Bernard David Jones et Marcel Spears - font des étincelles. Attachants et amusants, ils nous font oublier l'écriture bâclée de The Mayor, qui, trop fière de son concept, a malheureusement tout précipité, pour installer son jeune rappeur à la Mairie, dès la 5e minute. Les storylines et les twists invraisemblables s'empilent, et le show surfe trop maladroitement sur une certaine démagogie anti-politicienne dans l'ère du temps. Et dommage que le ton soit aussi loufoque, car la série a clairement des choses intéressantes à dire sur la non-représentation des couches populaires et la déconnexion entre le pouvoir et le terrain.
Chances de rester à l'antenne : faibles.
- TEN DAYS IN THE VALLEY
Drama - ABC
Intérêt : À éviter
L'histoire : Productrice et scénariste d'une série télé policière, Jane Sadler est une femme divorcée et totalement débordée par la vie. Elle passe ses nuits à écrire des scripts, pour rester dans le rythme intenable du tournage de son show. Sauf qu'un soir, sa fille est kidnappée, alors que Jane était partie travailler dans l'annexe au fond du jardin, la laissant seule dans la maison. Qui a enlevé la petite Lake ? Pourquoi ? L'enquête commence, mais Jane ne peut pas arrêter la production de sa série pour autant...
Notre avis : C'est toujours un peu génant quand la télé américaine se regarde le nombril. On est en plein dedans avec Ten Days in the Valley, sorte de mise en abyme incroyablement narcissique de la terrible industrie hollywoodienne. Tout cela est très vite agaçant. Et les personnages aussi. Du coup, il est bien compliqué d'être dans l'empathie avec cette "wonder maman" du petit écran, shootée à la coke. Et on se fout ainsi royalement du mystère criminel qui se cache derrière le kidnapping... Tout le talent de Kyra Sedgwick (ex-star de The Closer) n'y change rien.
Chances de rester à l'antenne : très faibles.
- WISDOM OF THE CROWD
Drama - ABC
Intérêt : À découvrir
L'histoire : Riche créateur d'un réseau social à la Facebook, Jeffrey Tanner est un tech reconnu dans le monde entier... mais en pleine dépression, depuis que sa fille a été assassinée. Un an après le meurtre, il décide de quitter la direction de son entreprise, pour lancer une plateforme participative révolutionnaire : fonctionnant sur le principe du crowd-sourcing, "Sophie" permet de récolter des témoignages sur des enquêtes en cours et des affaires non-élucidées. Grâce à un algorithme savamment mis au point, "Sophie" recoupe les commentaires de ses millions d'utilisateurs, pour ressortir de véritables indices crédibles, qui aideront à faire avancer les investigations.
Notre avis : Une étonnante manière de renouveler le principe du cop show. A mi-chemin entre Social Network, Minority Report et Person of Interest, Widsom of the Crowd est loin d'être une série dénuée d'intérêt. Son postulat sociologique, basé sur "La Sagesse des foules" (un livre écrit par James Surowiecki, publié en 2004), suggère globalement que la masse a toujours la réponse. Il suffit juste de trouver un moyen de l'entendre. Un concept discutable, évidemment, mais que la série aborde avec pas mal d'intelligence, sans esquiver les problèmes que cela induit, notamment l'idée que la foule a souvent tendance à vouloir se faire justice elle-même. Philosophiquement parlant, il y a donc pas mal de choses à retirer de ce drama, même si la forme est assez grossière. Wisdom of the Crowd se transformant rapidement en série policière convenue, où la plateforme ne devient plus qu'un banal outil lourdement hi-tech.
Chances de rester à l'antenne : élevées.
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