Si Leonardo DiCaprio et Matt Damon se sont partagés les prix "cinéma", n'oublions pas l'immense Oscar Isaac, primé pour son interprétation dans la mini-série Show me a Hero, créée par David Simon.
Moins populaire que Bradley Cooper, moins sexy que Michael Fassbender, moins allumé que Jake Gyllenhaal... Oscar Isaac a pourtant été l’acteur essentiel de 2015... et se trouve justement récompensé en 2016.
De la sphère indé à la télé, de A Most Violent Year à Star Wars, de J. C. (Chandor) à J. J. (Abrams), il parcourt tout le spectre offert par l’industrie et redéfinit la "staritude" contemporaine.
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Ça a commencé en janvier dernier, à la machine à café, quand la rédaction de Première s’est souhaité une bonne année tout en débriefant A Most Violent Year, le "thriller économique" de J. C. Chandor, vu pendant les vacances de Noël. Il y a ceux qui aimaient un peu, ceux qui aimaient beaucoup, mais le vrai sujet de la conversation, au fond, c’était lui : Oscar Isaac, ses postures de mafioso, sa silhouette à la Pacino, son manteau en poil de chameau... Ce mec pouvait-il crever le plafond du cinéma indépendant pour s’imposer comme l’acteur indispensable de l’époque ? Inside Llewyn Davis, le petit chef-d’œuvre des Coen qui l’avait révélé, était-il un accomplissement ou juste une rampe de lancement ? Isaac avait-il le star power nécessaire ? Le film de Chandor laissait ces questions en suspens...
On en débattait encore six mois plus tard, quand déboula Ex Machina, petite bombe SF d’Alex Garland, où l’acteur "performait" en magnat techno, cintré et alcoolo, crâne rasé, petites lunettes, barbe sombre. Métamorphosé, il déchirait le dance floor lors d’une scène d’intimidation disco, instantanément anthologique. Grosse, grosse impression. Puis, mi- août, c’était le coup de grâce : Show Me a Hero, la minisérie HBO de David Simon et William Zorzi, où il était bouleversant d’humanité, sublime et pathétique, dans la peau de Nick Wasicsko, plus jeune maire de l’histoire des États-Unis (28 ans lors de son élection en 1987), un homme ordinaire pris dans un écheveau politique inextricable qui le transforma, malgré lui, en héros de tragédie. Un chef d’œuvre qui renverrait pas mal de films US aux oubliettes s’il était éligible dans notre top 10 de l’année et qui vient de lui valoir pas moins que le Golden Globe du meilleur acteur dans une mini-série.
Après cela, la question de la place exacte d’Oscar Isaac sur l’échiquier du cinéma américain contemporain paraissait soudain dérisoire. Caduque. Star indé ? Superstar en herbe ? Star télé ? Ce type est juste dans les meilleurs plans du moment, un point c’est tout. En toute logique, il commence 2016 comme il a fini 2015, par un triomphe.
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