Du Bureau des Légendes à Hippocrate en passant par Baron Noir, quelles sont les meilleures séries qui ont fait la renommée de Canal + ? Voilà les créations originales qu'il faut avoir vu.
10) Enterrement de vie de garçon (2024) - mini-série en 4 épisodes
Une vraie petite pépite de comédie noire. Une drôle de farce sur le deuil, boostée par des dialogues déments et une improbable bande de potes (Panayotis Pascot, Fary, Guillermo Guiz et la révélation québécoise Adib Alkhalidey). Paul et ses potes sont de sortie, dans un club de strip-tease. Mais ce n'est pas un "EVG" comme les autres. On n'est pas dans Very Bad Trip avec beuverie qui tourne au blackout. Le garçon dont on enterre la vie, c'est Daniel, le grand frère de Paul, qui vient de se tuer dans un accident. Sans larme ni violon, la nuit de chagrin se décline en une insaisissable marche funèbre, qui joue avec les sentiments attendus préférant instaurer un délicieux malaise inadéquat, compensé par une sincérité évidente.
9) La Flamme (2020) - 2 saisons
Si la parodie de Koh-Lanta - avec Le Flambeau - a été nettement plus poussive, la première saison rejouant le Bachelor est déjà culte. Marc, pilote de ligne insupportable, cherche l'amour. Et pour tenter de le séduire, le gratin du cinéma français se met aux pieds de Jonathan Cohen : Leïla Bekhti, Adèle Exarchopoulos, Ana Girardot, Laure Calamy, Géraldine Nakache... Une comédie potache dopée aux moments cultes, comme l'invention de l'exceptionnelle "Jean-Guile", la soirée au bowling avec une Florence Foresti aveugle ou la création de "Chatalèré"... Une série qui a aussi contribué à révéler Pierre Niney en mégastar de la vanne qui tue. Sans aucun doute le truc le plus drôle depuis longtemps.
8) Les Revenants (2012) - 2 saisons
Pour la première fois, une Création Originale de la chaîne cryptée se lance dans le fantastique pur et dur. Et c'est un triomphe. Sacrée Meilleur Drama aux Emmy Awards Internationaux, la série créée par Fabrice Gobert - d'après le film éponyme de Robin Campillo - nous emmène dans l'ambiance brumeuse, mystique, quasi irréelle d'une petite ville enclavée entre les montagnes et un imposant barrage, où débarquent un jour des personnes de tous âges, errant sans but et totalement désorientées. Ces gens sont morts depuis plusieurs années et sont de retour sur Terre, tentant de reprendre leur place parmi des vivants qui ne les attendent plus vraiment... Mais d'où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils revenus ? Et comment les accepter ? Une histoire de revenants somptueusement réinventée, bouleversante et fascinante, au point d'avoir eu droit à un remake américain par Carlton Cuse (Lost, Bates Motel...). Une série qui a fait date le récit télévisuel national, malgré sa saison 2 nettement moins bien reçue.
7) Les Sauvages (2019) - mini-série en 6 épisodes
La réalisatrice Rebecca Zlotowski met en scène Roschdy Zem sur le perron de l'Elysée, dans ce thriller politique passionné, adapté de Sabri Louatah. Une fresque audacieuse, qui prend la France multiculturelle à bras-le-corps en imaginant l’élection d’un président d’origine maghrébine et assume son mélange des tons sans crainte du trop-plein narratif. Une série qui lorgne par moment du côté du cinéma de James Gray ou Michael Cimino, mais trouve sa propre tonalité, lyrique et amère. À l’image de la conclusion, murmurée à l’oreille du spectateur, qui indique que c’est peut-être en reconnaissant l’imperfection d’une société que l’on pourra patiemment aller de l’avant.
6) Baron noir (2016) - 3 saisons
C'est la série politique préférée des hommes politiques français. Celle qu'ils citent bien volontiers dès qu'un micro les interroge sur leurs petits plaisirs télévisuels. Et pour cause, de leur propre aveu, Baron Noir reflète de manière spectaculaire les coulisses du pouvoir, des partis, et de la classe politque en général. Les créateurs Eric Benzekri et Jean-Baptiste Delafon se sont beaucoup renseignés, en amont (Alexis Corbière ou Jean-Christophe Cambadélis ont conseillé), avant d'inventer le personnage de Philippe Rickwaert député PS du Nord, sacrifié par son mentor alors qu'il s'apprête à remporter l'élection présidentielle. Kad Merad explose dans un rôle hyper sérieux, à des années-lumières du Kamoulox. Une prestation bluffante, honoré par un Emmy Award International, face au si puissant Niels Arestrup. Vous ne verrez plus la politique de la même manière.
5) Engrenages (2005) - 8 saisons
C'est la Création Originale la plus emblématique des séries Canal. Une fiction criminelle qui révolutionna le genre, en racontant la vie du palais de justice de Paris et ses rouages, par un prisme hyper-réaliste, porté par un casting tonitruant, de la fantastique Caroline Proust à l'animal Thierry Godard et passant par la future star Audrey Fleurot. Épousant les points de vue des policiers comme du procureur ou du juge d'instruction, Engrenages est une machine de guerre édifiante, vendue dans 70 pays et surtout l'une des rares séries françaises véritablement connue aux États-Unis. Grâce à sa diffusion sur Netflix, Spiral décrochera même l'Emmy Award International du Meilleur drama en 2015.
4) Hippocrate (2018) - 3 saisons
On est assez loin de Grey's Anatomy. La série médicale version Canal se fait par le biais d'un ancien médecin. Thomas Lilti raconte les petits et grands déboires de l'hôpital dans cette version sérielle qui reprend les thématiques de son film de 2014 - salué par 7 nominations aux César - sans rien perdre de ce qui faisait son charme. Un drama en blouses blanches, qui sait naviguer admirablement entre romanesque et réalisme sociétal. Louise Bourgoin et Alice Belaïdi rayonnent face à la révélation Karim Leklou. Une série vibrante en forme de plaidoyer politique pour que l'hôpital retrouve une place centrale dans les politiques publiques, qui a pris une ampleur toute autre depuis le COVID. Dans ce contexte post-crise sanitaire, la troisième saison est d'ailleurs en tournage.
3) D'Argent et de Sang (2023) - 2 saisons
Il y a eu le documentaire Les Rois de l'arnaque, sur Netflix. Cette fois, le scandale lié à la taxe carbone inspire Xavier Giannoli. Le réalisateur couronné aux César avec Illusions Perdues s’empare du casse du siècle, un braquage à la TVA surréaliste, qu'il transforme en thriller financier rutilant, décortiquant la folie d’un capitalisme vorace derrière une garlie de personnages hauts en couleur. Vincent Lindon est toujours aussi habité, mais la palme revient à Ramzy Bédia, dément et inquiétant en voyou de Belleville prêt à conquérir le monde.
2) Le Bureau des légendes (2015) - 5 saisons
Elle est en passe d'avoir son remake aux USA, par George Clooney en personne. Cette grande série d'espionnage signée Eric Rochant, devenue un phénomène mondial, plonge le spectateurs dans les coulisses de la DGSE avec minutie et une intensité grisante. Portée par une mise en scène au suspense époustouflant, on découvre le fonctionnement des services de renseignements français, ses enjeux et ses missions, à travers des personnages plus grands que nature. Malotru restera dans les annales du petit écran. Et autour d'un Mathieu Kassovitz retrouvé, c'est toute la distribution qui fait un travail d'une rare précision. Jean-Pierre Darroussin, Sara Giraudeau, Florence Loiret-Caille ou Jonathan Zaccaï seront à jamais associés à cette légende-là.
1) The Young Pope / The New Pope (2016) - 2 saisons
Cette Création Originale Canal Plus tient une place à part puisqu'il s'agit d'une création internationale, co-produite avec HBO notamment. Mais elle n'en demeure pas moins absolument incontournable. Un monument de télévision imaginé par Paolo Sorrentino et dans lequel le réalisateur italien déploie tout son cinéma. Une hyperbole du pouvoir en forme de peinture biblique, incarnée par un Jude Law habité, qui joue le nouveau pape américain illuminé, radical et tyrannique du Vatican. Un jeune Souverain Pontif aux idées rétrogrades, et qui n’a de compte à rendre qu’à Dieu. Un chef d'oeuvre de satire irrévérencieuse, qui ne faiblit pas dans sa deuxième saison ou John Malkovich débarque au Saint-Siège en New Pope concurrent. Au fil de ses 19 épisodes, Sorrentino s’amuse à construire une galerie d’hommes d’église cyniques et ridicules, mais qu’il filme avec amour. Et de perversion en perversion, le cinéaste décrit un cirque politique drolatique où les chantages prennent finalement plus de place que les prières. Une oeuvre d'art du petit écran s'il en est.
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