Laurence Anyways
MK2 Distribution

"... une aventure épique, presque un Titanic transgenre"

Sorti en 2012 au cinéma, Laurence Anyways de Xavier Dolan, reviendra sur France 4 en ce samedi soir, ainsi qu'en replay sur le site des chaînes France.TV. La rédaction vous le conseille, en attendant des nouvelles de son prochain film, entre comédie et horreur.

"Laurence et Fred s’aiment d’un amour passionné. Mais le jour de ses trente ans, Laurence annonce à Fred qu’il veut devenir une femme et lui demande de l’accompagner dans sa transformation. Pour Fred, c’est un coup de tonnerre, mais elle décide malgré tout de donner une chance à leur couple. Face aux jugements et à l’incompréhension, Laurence et Fred vont tout faire pour préserver leur amour hors du commun."

Après deux coups d’essai maladroits (J’ai tué ma mère et Les Amours imaginaires) qui l’avaient institué nouvelle coqueluche tête à claques du cinéma mondial, Xavier Dolan, 23 ans, dégaine de petit Fassbinder pop venu de Montréal, a ouvertement conçu son troisième film comme un chef-d’oeuvre annoncé, un magnum opus très précoce qui synthétiserait ses obsessions de jeune homme moderne passionné par l’amour fou, le romantisme teenage et les outrances baroques. La durée du film est hors norme (2 h 39 !) et le sujet franchement casse-gueule (dix ans de la vie d’un homme qui souhaite devenir une femme). Péché d’orgueil ? Sans doute, mais c’est précisément de cette morgue, de son aspect bordélique et délibérément too much que Laurence Anyways tire sa force.

Le film est une hypothèse délirante de cinéma total, dans laquelle Dolan jette sur l’écran tout ce qu’il aime, absolument tout (ses hits new wave préférés, une tonne de citations littéraires et cinéphiles, le meilleur et le pire de la mode 90’s...), au fil d’un récit à la vitesse d’exécution renversante. La très bonne idée, surtout, est de ne pas tant s’intéresser à la dissertation attendue (et redoutée) sur la norme et la marge qu’à l’histoire d’amour impossible entre ce héros transsexuel (Poupaud, génial) et la fille qui ne peut pas s’empêcher de l’aimer. Dolan filme cette love story comme une odyssée, une aventure épique, presque un Titanic transgenre. Alors, bien sûr, les scories abondent (naïveté ado, prétentions auteurisantes, dialogues sitcomesques), mais l’énergie sidérante emporte tout sur son passage. Filmer à toute allure, au risque de se planter... Franchement, on préfère ça à n’importe quel « grand film de la maturité » autoproclamé.


De J'ai tué ma mère à Mommy : comment Xavier Dolan est devenu grand