Deux équipes de baseball amateur se retrouvent pour un dernier match… Une journée d’automne ordinaire en Amérique, filmée comme un instant d’éternité.
Eephus, pour commencer, qu’est-ce que c’est que ce titre ? Les spécialistes de baseball vous expliqueront que c’est un type de lancer extrêmement lent, pratiqué par très peu de joueurs, dont l’efficacité tient d’abord à l’effet de surprise qu’il provoque chez l’adversaire. Soit un intitulé donnant un indice sur le style du film lui-même : nonchalant, original, surprenant. Premier long de Carson Lund (chef op’ star du collectif indé Omnes Films), Eephus chronique le match de deux équipes de baseball amateur, qui se rencontrent pour la toute dernière fois, le terrain de leur petit bled de Nouvelle-Angleterre devant bientôt être remplacé par une école. Ces Américains moyens, pas plus copains que ça, mais indéfectiblement liés par l’habitude de jouer ensemble depuis des années, arpentent leur stade aux couleurs automnales, éclusent des bières, se chambrent, et leur journée faite de longues plages d’attente et de brusques accélérations (c’est le baseball qui veut ça) finit par dessiner une épopée virile alanguie, un peu comme du Howard Hawks lo-fi, minimaliste. La nuit va bientôt tomber, personne n’a envie que ça se termine, chacun des micro-événements minutieusement décrits ici ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir. Ça n’a l’air de rien ? Franny, le spectateur-mascotte qui compte les points et n’a jamais raté un match de sa vie, sait pourtant que ce qui se joue ici est immense. Sous ses airs de ne pas y toucher et son humour pince-sans-rire, Eephus raconte brillamment comment certains morceaux d’histoire collective disparaissent, sans tambour ni trompette.
De Carson Lund. Avec Keith William Richards, Cliff Blake, Ray Hryb… Durée 1h38. Sortie le 1er janvier 2025.
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