Kingsley Ben-Adir et Marisa Abela sont totalement habités par leurs rôles.
Sorti pour la dernière Saint-Valentin, Bob Marley : One Love a attiré 2 millions de Français dans les salles obscures. Deux mois plus tard, un autre biopic sur une star de la musique franchissait chez nous la barre du million d'entrées : Back to Black, retraçant le parcours d'Amy Winehouse.
Deux films qui ont laissée la rédaction de Première sur sa faim... mais qui ne manquent tout de même pas de qualités. Déjà par leur casting, Kingsley Ben-Adir et Marisa Abela portant leurs projets respectifs avec une implication totale.
Alors pour patienter jusqu'à leur diffusion sur Canal +, voici nos critiques.
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Ce qui frappe dans ce Bob Marley, one love, c’est comment le film se définit par ses manques -on reste sans cesse sur notre faim, tant le film semble éviter soigneusement tout risque d’aspérité en gommant le plus de passages possibles. Au fond, le film ne surprendra pas les accros aux biopics musicaux-pâtés en croûte, sur-verrouillés par l’entourage de l’idole concernée, façon Bohemian Rhapsody. Le film alterne une double structure (le récit de la jeunesse et un concert-clef) qui rappelle celle de Walk the Line, sauf que l’histoire de Bob Marley Begins s’arrête au bout d’un moment pour aucune raison. On ne verra pas grand-chose de l’étonnant bouillon musical de la Jamaïque 50s dans laquelle grandit le jeune Marley, pas plus que l’on ne captera la source de son génie musical. Plutôt que de tenter d’invoquer la voix des morts, le film exprime la voix officielle des survivants. Difficile, ceci dit, de ne pas vibrer quand la musique remplit la salle de cinéma, canalisée par Kingsley Ben-Adir -une perf complètement casse-gueule mais réellement habitée par le comédien, investi à fond dans son rôle, jusqu’à l’effacement. Grâce à lui, One Love capte un peu la mystique qui guidait Marley dans son art et dans sa vie.
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Amy Winehouse (1983 – 2011) appartient aux fameux Club des 27 (Hendrix, Joplin, Morrison, Cobain…) sans que l’on sache très bien ce que ce signe entend nous dire. Le doc d’Asif Kapadia sur la chanteuse (Amy, 2015) ayant largement fait le job, on pouvait légitimement se demander ce qu’une mise en fiction allait apporter de plus. D’autant que contrairement à ses collèges des 27, sa vie balisée à l’air des réseaux sociaux avait été suivie en quasi direct.
Ce monde en surchauffe (caméras 24/24, fans déchaînés, alcool, drogue…) reste en grande partie hors-champ d’un film soucieux de polir certains angles. Mais paradoxalement cette édulcoration parasite le cliché pour mettre sa diva sous une autre cloche, celle de son intimité de jeune fille qui se rêvait rangée (ses chansons ne revendiquent pas autre chose autre qu’un bonheur simple avec Blake, son unique amour) mais que son incroyable talent aura donc dérangé.
Le film de Sam Taylor-Johnson délimite ainsi un micro-territoire où, du petit meublé au pub de coin, du studio d’enregistrement à l’appart de la grand-mère adorée, il n’y a quelques pas qui se suffisent à eux-mêmes. Amy W. devient dès lors une héroïne à la Sofia Coppola, incommodée par les bruits du dehors. Marisa Abela à qui incombe l’impossible tâche d’incarner la chanteuse est parfaite. Elle y va, donne de la voix et se réapproprie des habits qui ne font jamais panoplie. On dira ce qu’on voudra, même aseptisé l’ensemble garde une certaine tenue.
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