Pour la première fois, la cinéaste teinte de fantastique son cinéma social et signe le portrait d’une gamine de 12 ans en quête d’un avenir meilleur.
Bailey a 12 ans et vit dans un squat avec son frère et son père. Ce dernier s’apprête à se remarier et compte bien faire fortune… grâce à un crapaud qui crache une bave hallucinogène quand il entend Yellow de Coldplay ! Bailey pourrait être la petite sœur de l’héroïne de Fish tank, le film qui a révélé Andrea Arnold il y a 15 ans. Car comme les grands cinéastes, elle ne fait au fond que creuser un sillon, ce cinéma social où elle excelle par sa capacité à diriger de jeunes talents (la flamboyante Nykia Adams), à faire corps avec ses héroïnes mais aussi par sa manière de ne jamais enfermer son récit dans le sordide, comme en témoigne le traitement subtil du père, jamais accablé et brillamment campé par Barry Keoghan. C'est donc bien le mouvement qui caractérise le cinéma d'Andrea Arnold et particulièrement ce film. Une fois la situation posée, la cinéaste accompagne cette enfant qui, à l'approche de la puberté, cherche à échapper à un déterminisme social et familial. D’abord seule puis accompagnée par un personnage énigmatique qui déboule dans sa vie. Le Bird du titre, semblable à un ange tombé du ciel ou à un super-héros qui aurait perdu ses super-pouvoirs. Ami imaginaire ou réel ? C’est en tout cas précisément grâce à lui… que Bird décolle, qu’Andrea Arnold sort de sa zone de confort pour s’aventurer pour la première fois non sans maestria sur le terrain du fantastique. Et ce voyage intrigant n’aurait pas été le même sans l’interprète de Bird, Franz Rogowski, sa liberté de jeu, la poésie qui entourent chacun de ses gestes ou de ses regards. Une masterclass.
De Andrea Arnold. Avec Nykiya Adams, Barry Keoghan, Franz Rogowski... Durée 1h59. Sortie le 1er janvier 2025
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