Le réalisateur sud-coréen et le producteur n’étaient pas d’accord sur une scène cruciale dans le montage final.
C’est une anecdote plus ou moins connue. Une bataille que se sont livrés Bong Joon-ho et Harvey Weinstein. D’un côté, un cinéaste sud-coréen confiant de sa vision artistique. De l’autre, un producteur américain connu pour être la terreur des salles de montage. Au centre : le final cut de Snowpiercer, Le Transperceneige. Récemment, le réalisateur a confié à Vulture, relayé par IndieWire, avoir gentiment entourloupé le mastodonte de la production concernant une scène clé du film.
Bong Joon-ho contextualise l'histoire: "C’était une rencontre maudite. Jusqu’ici, je suis quelqu’un qui a toujours sorti ses films sous la forme de ‘director’s cut’. Je n’ai jamais remonté un de mes films, je n’ai jamais voulu y toucher. Le surnom de Weinstein c’est ‘Harvey les ciseaux’ [Scissorhands en V.O., ndlr], et il est très fier de remonter un film."
De son côté, Weinstein le caresse dans le sens du poil en utilisant toute sorte de superlatifs notamment en le qualifiant de "génie". Une technique de séduction bien rodée de la part du producteur aujourd’hui inculpé pour viol et agression sexuelle. Weinstein voulait en particulier couper la scène où un garde découpe un poisson pour intimider le groupe de rebelles dans le train.
Memories of Murder : le vrai serial killer identifié et arrêtéBong Joon-ho se remémore la scène : "Harvey détestait : ‘Pourquoi un poisson ? Il faut de l’action là !’ Je lui ai répondu que cette scène signifiait quelque chose à mes yeux." Weinstein a alors demandé au cinéaste ce que symbolisait cette scène. Ce dernier a expliqué que c’était "personnel". En rajoutant que son père était un pêcheur. "C’est un hommage à mon père", répond le metteur en scène au producteur.
Visiblement Weinstein a été ému de cette réponse, rétorquant à Bong Joon-ho que pour lui "la famille était la chose la plus importante". Celui-ci a décidé de laisser les mains libres à l’auteur et de ne pas couper cette fameuse scène. Quelques années après la sortie de Snowpiercer et après le triomphe de son dernier long-métrage notamment auréolé de la Palme d’or 2019, Parasite, Bong Joon-ho lâche la bombe : "C’était un putain de mensonge, mon père n’était pas du tout pêcheur." Sacré Bong.
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