DR

Nous en parlons depuis déjà plusieurs mois : Joann Sfar, à l’origine auteur de BD, vient de réaliser son premier film, Gainsbourg : vie héroïque. Sfar s’attaque à un monument de la culture française et lui consacre un biopic. C’est la première fois qu’un film évoquera la vie de Serge Gainsbourg, une des raisons de l’attente autour du projet. En salles le 20 janvier prochain, nous vous avions dévoilé quelques photos inédites, puis dernièrement la première bande-annonce du film. Aujourd’hui, Gainsbourg : vie héroïque fait parler de lui, mais pour un autre motif : la RATP vient d’en refuser les affiches promotionnelles sous prétexte que la bouche de l’acteur, Eric Elmosnino, dégage de la fumée. Or, depuis quelques temps, le réseau de transport en commun fait la chasse à tout signe évoquant de près ou de loin la cigarette. En avril, la Cinémathèque Française de Paris avait été contrainte de censurer leur affiche dédiée à l’exposition sur Jacques Tati : le poster en question empruntait une scène célébrissime au film Mon Oncle, et la pipe de Tati avait été remplacée in extremis par un moulin à vent. Qui a dit ridicule ? Le même mois, Metrobus avait traqué la cigarette de Coco Chanel, toujours conformément à la loi Evin, qui entend éradiquer la présence de la cigarette dans les espaces publics. Après Coco avant Chanel, la loi sévit de nouveau, cette fois au-delà de la sphère cinéma : Jacques Chirac a dû choisir une photo plus conventionnelle pour la couverture de ses mémoires, Chaque pas doit être un but. Aujourd’hui, c’est au tour du biopic sur Gainsbourg de faire les frais de la réglementation. Alors que Joann Sfar avait pris la précaution de ne pas représenter de cigarette sur l’affiche, cette dernière est pourtant épinglée sous prétexte que la fumée entoure le personnage. Seulement, comment imaginer celui qui chantait « Dieu est un fumeur de havanes » sans une cigarette à la main ? La RATP estime que l’affiche ne représente pas Gainsbourg, mais son interprète. De fait, la cigarette n’a pas sa place sur le poster. Un motif un peu léger ? En tout cas, cette décision ferait bien ricaner Gainsbourg, lui qui incarnait la transgression et le politiquement incorrect. Drôle d’époque.