Jon Hamm brille d’un éclat sombre en négociateur de la dernière chance dans un thriller d’espionnage tendu, écrit par un spécialiste du genre, le scénariste de la série des Jason Bourne.
Le hasard de la programmation voit la sortie le même mois de deux films traitant du conflit israélo-palestinien à l’époque où il commençait à s’exporter dans le monde entier. Mais là où Otages à Entebbe, de José Padilha, reconstitue un événement historique, Opération Beyrouth s’appuie sur les faits pour imaginer une fiction complexe, propulsée par un héros qui ne l’est pas moins. À Beyrouth au début des années 70, Mason Skiles est un diplomate suffisamment habile pour faire cohabiter chez lui des Libanais, des Palestiniens et des Israéliens en toute quiétude. L’irruption violente d’agents rivaux en quête du jeune frère d’un terroriste recherché provoque la mort de la femme de Skiles. Celui-ci ne s’en remet pas et retourne aux États-Unis où il sombre dans l’alcoolisme et survit en jouant les médiateurs lors de conflits entre patrons et syndicalistes. Jusqu’au jour où, dix ans plus tard, il est convoqué au Liban pour négocier avec les ravisseurs d’un de ses anciens collaborateurs.
Tony Gilroy, scénariste superstar d'Opération Beyrouth
Sur place, le passé le rattrape de plein fouet, personne ne dit la vérité, tout le monde manipule tout le monde. C’est précisément la complexité de l’affaire qui stimule Skiles et l’incite à se surpasser dans son domaine très singulier, qui s’apparente à un exercice de funambulisme au-dessus d’un volcan en éruption.
Ici, les négociations importent autant sinon plus que l’action, et le scénariste Tony Gilroy s’y entend pour écrire des dialogues denses qui véhiculent une quantité d’informations tout en faisant avancer l’intrigue. Celle-ci paraît alors un peu mécanique dans sa façon de privilégier le personnage central au détriment des autres, dont on peut regretter qu’ils ne soient pas plus développés. Jon Hamm compense en incarnant à la perfection un homme fracturé et paradoxal, pas vraiment à sa place et pourtant maître de la situation. Ce n’est pas un rôle confortable, à l’image du film, où s’affrontent mouvement et tractations, poids du passé et fièvre d’un présent où la frontière entre amis et ennemis est complètement brouillée.
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