Les anti-héros des séries télé
Ben Linus (Lost)
Personnalité insaisissable, Ben Linus (incarné par un <strong>Michael Emerson</strong> habité), est introduit dans la série comme le leader des "Autres", groupe qui cherche des noises aux naufragés du vol Oceanic 815. Il va portant finir par s'allier avec eux. Son cheminement avec le groupe est vécu comme une repentance. Versatile, il conservera jusqu'au bout des liens ambigus avec les autres personnages.
Christian Troy (Nip/Tuck)
L'associé flambeur du cabinet Mc Namara/Troy a un passif sériel plutôt chargé. Arriviste invétéré (il doit sa situation professionnelle à son meilleur ami, Sean Mc Namara), "queutard" insatiable, Christian Troy (<strong>Julian McMahon</strong>) enchaîne les conquêtes qu'il manipule pour mieux jouir de sa cruauté.
Dexter Morgan (Dexter)
Dexter (<strong>Michael C. Hall</strong>), médecin légiste le jour, serial killer redresseur de torts la nuit, est la figure classique de l'anti-héros. Il s'attache à suivre une ligne de conduite précise, dictée par son père adoptif, et qu'il lui arrivera de briser bien malgré lui. Il masque la cruauté de ses actes derrière une croisade d'intérêt public : débarrasser les rues de Miami de ses criminels les plus dangereux en étanchant son désir interdit. La série à quelque peu édulcoré l'image d'un être impassible et froid tel qu'il était décrit dans les romans, où il transmet par exemple le code de Harry aux enfants de Rita, Astor et Cody, eux aussi pris de pulsions meurtrières.
Hank Moody (Californication)
Écrivain en panne d'inspiration, Hank Moody (<strong>David Duchovny</strong>) soigne son mal-être à coup de drogue et de sexe. Dès la première saison, Moody couche avec une mineure qui se trouve être la belle-fille de son ex-femme. Il est rattrapé par son âge et ses responsabilités, ses écarts de conduites se reflètent honteusement dans les yeux de sa jeune fille, Becca. D'épisode en épisode, il sombre de plus en plus mais reste debout. La série a d'ailleurs été renouvelée pour une sixième saison.
Jack Bauer (24)
Anti-héros par nécessité, les écarts de conduite de Jack Bauer (<strong>Kiefer Sutherland</strong>) vont crescendo avec les malheurs qui arrivent à sa famille. Jusqu'à ce qu'il n'ait plus rien à perdre et que ses actes d'agent renégat flirtent avec les limites du patriotisme qui dicte sa ligne de conduite.
Jackie Peyton (Nurse Jackie)
Pendant féminin d'un certain docteur House, Nurse Jackie (<strong>Edie Falco</strong>, ex Madame Soprano), accro aux analgésiques, occulte sa vie de famille en trompant son mari avec un collègue, a maille à partir avec des dealers, en continuant à nier son addiction ... La série a été renouvelée pour une cinquième saison.
Jim Profit (Profit)
Rastignac en puissance, Jim Profit (<strong>Adrian Pasdar</strong>), golden boy fraîchement embauché dans une multinationale, n'a qu'un objectif : la place du grand patron. Sociopathe patenté, dépourvu de morale, il se complait dans un système, allant jusqu'à en transcender les codes. Construit par l'image que lui renvoyait la télévision, sa seule fenêtre sur le monde extérieur lorsqu'il était enfant, Jim Profit s'appliquera à jouer des symboles qu'il observait pour manipuler les esprits à son tour. En 1996, avant l'âge d'or de HBO, la FOX tentait de se construire une image de network originale en produisant une série loin des canons de l'époque. Au menu : chantage, harcèlement, inceste et dessous-de-table. Avant-gardiste, le show n'aura pas tenu plus de quatre semaines. La série, disponible en DVD, comporte 8 épisodes dont la moitié n'avait pas été diffusée à l'époque.
Tom Kane (Boss)
Frappé d'une maladie dégénérative, le puissant Tom Kane (<strong>Kelsey Grammer</strong>), maire de New-York, n'est pas prêt de passer la main. Tous les moyens sont bons pour masquer son état de santé. Les premiers instants de la série dévoilent la vraie nature d'un autocrate, rompu aux exactions et intimidations en tous genres. Tout le petit monde qui gravite autour de lui est rodé à ces pratiques peu orthodoxes. Ses adversaires, comme son médecin, vont en faire les frais... Voisin d'un certain Tony Soprano, Tom Kane dispose d'un traitement scénaristique proche de celui de son illustre modèle. En ouvrant la série sur l'annonce posée d'un diagnostic sans appel pour son personnage principal, ce dernier s'attire la pitié du spectateur, alors qu'il n'en devient que plus monstrueux.
Tony Soprano (Les Soprano)
C'est l'archétype de l'anti-héros. Victime d'une crise de panique, Tony Soprano (<strong>James Gandolfini</strong>), futur parrain de la pègre du New Jersey, se voit contraint de suivre une thérapie pour apaiser ses doutes. Étouffé par une mère dominatrice, c'est bien lui qui tire les ficelles de sa petite organisation criminelle. Voleur, raciste, manipulateur - il trompe sa femme dès qu'il en a l'occasion - et parieur invétéré, il cultive les paradoxes, se montrant plus affecté par la mort de son cheval de course favori qu'après avoir tué un membre de sa famille à mains nues. Le tour de forces des scénaristes ? Nous rendre Tony sympathique avant de le faire passer pour le pire des meurtriers.
Vick Mackey (The Shield)
Comme Walter White dans <em>Breaking Bad</em>, Vic Mackey (<strong>Michael Chiklis</strong>) a une vie de famille compliquée, un fils handicapé, et la volonté de subvenir à leurs besoins, ce qu'un simple salaire de flic ne lui permet pas. Alors il pique dans les butins des dealers et malfrats qu'il coffre, s?acoquine avec la mafia arménienne (la <strong>liste de ses crimes</strong> est impressionnante)... Comme dans <em>Dexter</em>, se pose la légitimité des actes de Vick Mackey qui permettent bon gré mal gré de faire baisser la criminalité dans une ville pourrie par le crime. Dans l'ultime saison, quand toutes les preuves sont contre lui, il tranche le n?ud gordien au risque de se retrouver définitivement seul. Un épilogue qui ne laisse aucune place à la rédemption et qui pourrait bien se jouer de la même manière pour le héros de <em>Breaking Bad</em>.
Walter White (Breaking Bad)
Dernier raout pour Walter White. Du prof de physique moqué et malléable des premiers instants de la série, il ne reste rien. Atteint d'un cancer, il trouvait, avec la complicité d'un ancien étudiant, le moyen de mettre de l'argent de côté pour sa famille en fabriquant de la "meth". Devant la qualité du produit, il ne tarde pas à se faire un nom dans le milieu du narcotrafic. Cette considération nouvelle aura des effets déterminants sur sa personnalité. L'histoire de Walter White est celle d'une transformation radicale. De suiveur, il est devenu meneur. Dans un teaser de la cinquième saison, il reprend son avocat qui veut mettre fin à leur collaboration : "<em>On en aura terminé quand je dirai qu'on en aura terminé"</em>.
Les anti-héros des séries télé
Le 15 juillet, AMC commencera à diffuser la cinquième et ultime saison de <em>Breaking Bad</em>, show racontant l'histoire d'un professeur de chimie qui se met à fabriquer de la drogue de synthèse après avoir appris qu'il souffrait d'un cancer. Quel dénouement attend Walter White, héros imprévisible, inattendu et dévoré par ses contradictions ? Les fans de séries ne tiennent plus. Porté aux nues par des networks comme HBO, FX ou AMC, l'anti-héroïsme a connu sa grande époque avec <em>Les Soprano</em> et fait toujours recette. Au point qu'on a du mal à imaginer une série culte et couverte d'Emmy Awards qui serait dépourvue d'un protagoniste principale répondant à ses critères. L'échec d'une série comme <em>Terra Nova</em> l'a démontré, les téléspectateurs en ont soupé du manichéisme. Ils veulent de l'ambigüité, qu'on bouscule leurs valeurs. De l?éphémère précurseur Jim Profit, en passant par Dexter Morgan, Hank Moody et Vick Mackey, tour d?horizon de ces personnages aussi exécrables qu?attachants qui ont marqué l?histoire récente de la télévision. <em>(Attention, le diaporama dévoile certains éléments d'intrigues)</em> pagebreak <strong>Par Jonathan Blanchet</strong>
Jaime et Tyrion Lannister (Game of Thrones)
Dans <em>Game of Thrones</em>, tout sépare la fraternité des Lannister. Jaime, éphèbe et fine lame du royaume des Sept Couronnes, et Tyrion, condamné par sa petite taille à jouer un rôle secondaire sur le champ de bataille. Et pourtant, ce héros par défaut envoyé au charbon en dernier recours est fin stratège et joue de malice et de la crédulité de ses interlocuteurs pour se tirer d'un mauvais pas. Quant à Jaime, c'est dos au mur qu'il révèle toute sa complexité. Dans le roman, l'alcool fait office de révélateur lorsqu'il se confie à Lady Stark qui en a fait son prisonnier. Le personnage n'en apparaît que plus tragique.
Le 15 juillet, AMC commencera à diffuser la cinquième et ultime saison de Breaking Bad, show racontant l'histoire d'un professeur de chimie qui se met à fabriquer de la drogue de synthèse après avoir appris qu'il souffrait d'un cancer. Quel dénouement attend Walter White, héros imprévisible, inattendu et dévoré par ses contradictions ? Les fans de séries ne tiennent plus.Porté aux nues par des networks comme HBO, FX ou AMC, l'anti-héroïsme a connu sa grande époque avec Les Soprano et fait toujours recette. Au point qu'on a du mal à imaginer une série culte et couverte d'Emmy Awards qui serait dépourvue d'un protagoniste principale répondant à ses critères. L'échec d'une série comme Terra Nova l'a démontré, les téléspectateurs en ont soupé du manichéisme. Ils veulent de l'ambigüité, qu'on bouscule leurs valeurs. De l’éphémère précurseur Jim Profit, en passant par Dexter Morgan, Hank Moody et Vick Mackey, tour d’horizon de ces personnages aussi exécrables qu’attachants qui ont marqué l’histoire récente de la télévision.(Attention, le diaporama dévoile certains éléments d'intrigues)Par Jonathan Blanchet
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