Le monde du football vu depuis la coulisse. Un premier film mélancolique et palpitant.
Convaincu que les meilleures oeuvres sur le football préfèrent montrer l’envers du décor plutôt que glorifier les buts d’anthologie, Christophe Regin suit les pas de Franck, ex-espoir du centre de formation du F.C. Nantes ayant échoué à devenir joueur professionnel et vivotant depuis dans l’ombre du club. Soit un authentique antihéros, réduit à exécuter pour la direction de basses besognes (comme espionner les joueurs à la sortie des boîtes de nuit) sans jouir d’aucun statut officiel. Le solide défi que relève La Surface de réparation consiste à rendre perceptibles à l’écran les frustrations de ce chaperon aux airs de dur à cuire qui ressent un décalage quotidien entre ses rêves de jeunesse et la réalité d’un monde où les footballeurs apprécient surtout célébrité express et conquêtes féminines.
Gastambide touche au but
Au coeur d’une atmosphère à dominante nocturne qui évoque le film noir, le règne des illusions prend notamment corps dans la relation que Franck entretient avec Salomé, jeune femme attirée par les néons de la gloire mais en partie consciente de son aveuglement. Figure à la fois proche et inaccessible, elle renvoie à Franck un miroir de ses propres névroses. C’est en poussant ainsi son personnage dans ses retranchements que La Surface de réparation domine la partie, jusqu’à une fin ambivalente qui peut rappeler le cinéma de James Gray. Il fallait bien la force intranquille de Franck Gastambide, parfait en gardien du temple déphasé, pour transformer cette chronique footballistique en puissant drame sur la révolte existentielle.
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