Spoiler : C'est l’un des meilleurs James Bond et cette aventure de 007 est rediffusée ce dimanche 18 août à 23h sur France 2.
C’est sans doute le meilleur Bond de Roger Moore. Un Bond essentiel puisque avec ce film, Albert Broccoli relançait la saga avec un best of de tous les épisodes précédents, remake à peine déguisé d’On ne vit que deux fois. Miracle tout tient debout : Moore parvient à éclipser le fantôme de Sean Connery, entre moments impitoyables (l’homme de main jeté du toit d’un revers de cravate, l’exécution de Stromberg) et jeux de mots lâchés avec classe ("Quand on est en Égypte, il faut savoir se plonger dans ses trésors", à voir pour le croire). Barbara Bach est sublime en agent secret russe en quête de vengeance ; l’assassin aux dents de fer Jaws (Richard Kiel) devient instantanément une icône de la pop culture et Lewis Gilbert se permet de citer Lawrence d’Arabie. Et puis il y a l’une des meilleures anecdotes de la saga Bond : en panne d’inspiration pour éclairer le décor final, le chef décorateur Ken Adam fait appel à Stanley Kubrick pour l’aider. Résultat, les lumières du climax brillent (forcément) de l’ambiance froide et stylée du maître.
Lewis Gilbert est décédé à l'âge de 97 ans. Il avait mis en scène trois épisodes de James Bond : On ne vit que deux fois (1967), avec Sean Connery, ainsi que L’espion qui m’aimait (1977) et Moonraker (1979), avec Roger Moore. On lui devait aussi la comédie à succès Alfie le dragueur, portée par Michael Caine, sortie en 1966.
Pour ceux qui l’auraient oubliés, voilà tous les ingrédients de ce film qui en font l’un des grands crus de la saga – comme un Dom Perignon 52.
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Le thème : « Nobody does it better » composé par Marvin Hamlisch et chanté par Carly Simon. Le tube s’interrompt le temps du film pour reprendre au générique finale, sur les cuivres tonitruant. C’est phénoménal, ce fut un succès immense et c’est la chanson la plus sexy, dixit Radiohead qui l’a reprise plusieurs fois à ses débuts.
L’ennemi : Karl Stromberg (Curt Jurgens). L’homme aux mains palmées a volé des sous-marins nucléaires à la Russie et aux Etats-Unis dans le but de détruire New York, Moscou puis le monde afin de laisser place à une vie sous-marine qu’il maîtrisera. Le fou…
Le film Le troisième de Roger Moore est le symbole de l’opulence : plusieurs décors immenses, des scènes d’action aux Caire, des effets spéciaux impressionnants (pour l’époque) et une énorme bataille rangée. Avec un budget de 14 millions de dollars, Albert Broccoli (désormais seul puisque Saltzman a quitté le navire) va immortaliser une nouvelle conception de 007 où James est un super agent pris dans des aventures à l’enjeu simple : sauver la planète. Roger Moore réussit à tenir son personnage et le différencie suffisamment de celui de Sean Connery pour qu’il marque : drôle, pétillant tout en étant parfois sans merci. Le tout dans un grand éclat de rire : on laisse la musique de Lawrence d’Arabie quand les héros déambulent dans le désert, les blagues fusent à toutes les fins de scènes, M. a des bureaux dans des monuments égyptiens, le méchant Requin survit à tout avec humour et les femmes se donnent comme les informations.
Roger Moore : disparition d'une véritable icône
Les Bond Girls : Tout commence justement par ces mots. « Oh ! James ! Je ne trouve pas les mots… ». La belle est un agent double qui lance des skieurs russes à ses trousses, mais peu importe. Par la suite, une bédouine est offerte par un informateur à un Bond peu scrupuleux. « J’ai déjà mangé, mais je n’ai pas eu de dessert » dira-t-il la scène suivante à une rencontre, le temps d’un baiser. Pas le temps de se reposer pour autant car il rencontre alors la vraie Bond girl de l’aventure, l’agent Triple X (Barbara Bach,). « C’est vraiment ainsi qu’ils le font en Sibérie ? » avance-t-il sur le point de conclure. Ce sera pour plus tard, dans le train, après un pugilat avec Requin : « Qu’est-ce que je peux utiliser comme bandage ? Ceci ? » dit il en enlevant la nuisette. Le problème pour Bond, c’est qu’il a tué le mari de XXX en séquence pré générique.
Barbara Broccoli : "Roger Moore, c’était Cary Grant"
Bond Moments : L’espion qui m’aimait regorge de séquences inoubliables dans l’ordre : le saut à ski d’une énorme falaise avec un parachute à l’effigie de l’Union Jack, la poursuite au volant d’une Lotus Esprit submersible (la première du nom) ou la bataille finale dans le super tanker (un grand moment en comparaison de la destruction de l’Atlantis, le repère de Stromberg, un peu expédié). Le plus inoubliable reste pourtant les apparitions de Requin interprété par Richard Kiel. Le géant de 2m20 à qui on a affublé des prothèses de fer qu’il ne pouvait pas porter plus d’une minute ont tellement marqué les esprits qu’il reviendra pour le suivant, Moonraker.
Bondologie : Pour la première fois dans la série, M. et Q. ont des noms. Le premier est révélé par le général Gogol, c’est Miles. Le second est donné par l’agent Triple X, c’est Major Boothroyd. Dans le registre des révélations, Anya fait aussi fait référence pour la première fois au veuvage de James :« - Vous êtes sensible ? - À propos de certaines choses, oui. »Un instant fugace qui marque pourtant.
La réplique qui tue :Difficile de faire le tri tant Roger Moore lançait des répliques bondiennes comme il respire. Gardons celle-ci, lancée peu de temps après qu’il ait tué Stromberg de quatre balles dans le buffet : « J’ai peut-être mal jugé Stromberg. Quelqu’un qui boit du Dom Pérignon 52 n’est pas totalement mauvais. »
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