Kill Bill inspiré par La Mariée était en noir avec Jeanne Moreau ?

Quentin Tarantino jure qu’il n’a pas vu le film, mais les ressemblances sont troublantes.

Mise à jour du 19 octobre 2020 : A l'occasion de la rediffusion de ce grand classique de François Truffaut, La Mariée était en noir, sur Arte, nous republions cet article sur les nombreuses ressemblances entre son intrigue et celle de Kill Bill, de Quentin Tarantino.

Actualité du 31 juillet 2017 : Jeanne Moreau vient de mourir. Parmi ses rôles les plus marquants, on se souvient de l’héroïne de La Mariée était en noir, thriller de François Truffaut sorti en 1968. A l’époque, le réalisateur prépare son livre entretien avec Alfred Hitchcock, cinéaste qui a adapté Fenêtre sur cour, de William Irish, quelques années auparavant. Il s’agit du pseudonyme de Cornell Woolrich, auteur américain de nombreuses "pulp fictions", qui a imaginé ici l’histoire d’un mariage qui tourne mal. Le jour de la noce, cinq hommes tuent l’époux. Pour le venger, la jeune mariée les assassinera un à un en rayant leur nom de sa liste. Un pitch qui rappelle énormément celui de Kill Bill, où cinq tueurs professionnels font un carnage le jour du mariage de l’héroïne. La mariée les traquera alors sans relâche pour les éliminer.

Les films de Quentin Tarantino classés du pire au meilleur

A sa sortie en 2003, Quentin Tarantino jurait pourtant ne pas avoir vu ce classique français. "On m’a parlé de ça, mais je ne l’ai jamais vu, expliquait-il lors d’une interview japonaise consacrée aux nombreuses inspirations de Kill Bill. Tout le monde me dit : ‘Oh, votre film ressemble vraiment beaucoup à La Mariée était en noir.’ Je sais que c’est adapté d’un roman de Cornell Woolrich, mais je ne l’ai pas vu… parce que je ne suis pas fan de Truffaut. Je ne rejette pas le film, hein, mais je ne le connais pas. Je suis fan de Godard, pas de Trauffaut. Donc je suis au courant de toutes ces similitudes, mais je ne l’ai pas vu."

La même année, il répétait aux Inrocks que La Mariée était en noir n’avait absolument pas influencé son diptyque. "C’est marrant parce que je n’avais jamais vu La mariée était en noir, mais je sais que c’est le même genre d’histoire que Kill Bill. Je suis aussi très fan de Cornell Woolrich mais je ne l’avais pas lu. J’accepte la comparaison avec Truffaut, mais ce n’est pas là que j’ai piqué ! La Cinémathèque devrait organiser un double programme avec La mariée… et Kill Bill !"

Les points communs sont pourtant nombreux entre les deux films. Par exemple, personne ne connaît l’identité des coupables à part la mariée. Les tueurs forment un "club des cinq" : un groupe de célibataires dans celui de 1968 et “le détachement international des vipères assassines” dans celui de 2003. Par contre, leur meurtre est involontaire chez Truffaut, alors qu’ils ont organisé le massacre consciemment chez Tarantino.

Les deux mariées ont établi une liste des tueurs, qu’elles vont traquer et tuer. A chaque assassinat, elles rayent le nom de la victime sur leur carnet. Deux coïncidences frappantes sont alors filmées : après le premier meurtre, Jeanne Moreau et Uma Thurman prennent l’avion, et elles attendent d’être à bord pour rayer le nom. Plus tard, le nom de la quatrième victime est suivi d’un point d’interrogation. Est-elle vivante ? Morte ? Ce mystère mettra un certain temps à être résolu.

Enfin, les deux réalisateurs jouent sur le nom de la mariée. Dans le thriller de Truffaut, les spectateurs le connaissent, mais les victimes ne l’apprennent que quelques secondes avant leur mort. Chez Tarantino, c’est l’inverse : les victimes connaissent leur assassin, mais le public l’apprend assez tard dans l’histoire.

Une dernière ressemblance pour la route : Uma Thurman porte quasiment la même coupe de cheveux que Jeanne Moreau dans un autre film de Quentin Tarantino, Pulp Fiction. Un film qui s’inspire de plusieurs histoires américaines du début du XXe siècle, notamment des écrits de William Irish/ Cornell Woolrich.

Comment les films de Quentin Tarantino sont-ils liés exactement ?