Nous avions rencontré le mangaka à Annecy, où il était venu présenter une nouvelle version de Mazinger Z.
Mise à jour du 15 juin 2020 : Le 60e festival d'animation d'Annecy démarre aujourd'hui, exceptionnellement en ligne, et se déroulera jusqu'au 30 juin. A cette occasion, Première plonge dans ses archives pour repartager des interviews captivantes d'animateurs et réalisateurs renommés. Nous démarrons avec Gō Nagai, mangaka et créateur de Goldorak, rencontré lors du festival en 2017. Flashback.
Annecy 2020 fait le plein d’invités avec Dean DeBlois, Ron Clements, John Musker, Henry Selick…Interview du 21 novembre 2017 : Si beaucoup en France gardent un souvenir ému des aventures d’Actarus et de son robot Goldorak, seuls les plus passionnés savent qu’ils s’agit en fait de la troisième série animée inspirée de l’oeuvre du Japonais Gō Nagai. Une saga qui a commencé avec Mazinger Z, s’est poursuivie avec Great Mazinger et a trouvé sa conclusion dans UFO Robot Grendizer, alias Goldorak dans l’Hexagone. Nagai, immense mangaka, avait fait pour la première fois cette semaine le déplacement au Festival du film d’animation d’Annecy, en juin dernier. À 72 ans (il en fait dix de moins), toujours fringant en jean-baskets, il était venu fêter ses 50 ans de carrière et présenter le long-métrage Mazinger Z, à la fois relecture et suite de la série animée, le 22 novembre dans les salles.
Des générations entières ont été marquées par votre oeuvre. Qu’est-ce qui nous fascine tant dans cet imaginaire de robots géants pilotés par des êtres humains ?
Je pense que l’être humain porte profondément en lui l’envie d’étendre ses capacités. Et pour moi ce qui exprime le mieux cette idée, c’est le robot géant. Il symbolise l’expansion de l’Homme, une plus grande puissance, bien au-delà ce dont on est capable. Je crois que c’est ça qui nous fascine.
La notion de justice est au coeur de votre oeuvre. Qu’est-ce qui est si important pour vous dans la figure du héros, du justicier ?
Là encore, je pense qu’au fond de son coeur, l’être humain désire la justice. C’est tout simplement ça que j’exprime. Et dans Mazinger Z, il était important pour moi que les personnages qui représentent le mal soient des êtres qui n’ont rien de réel. Comme ça aucun enfant ne va être embêté à l’école parce qu’il ressemble au méchant. C’est symbolique, mais important. En parallèle, le personnage d’Alcor veut faire régner la justice et rétablir ce qui est juste. Ce sont les deux thématiques vraiment importantes pour moi.
Vous dites que vous aviez au départ des doutes sur le mélange de la 2D et la 3D dans cette nouvelle version de Mazinger Z.
Effectivement, j’ai eu des doutes. Au final, je pense que c’était la bonne approche. J’avais peur que le mélange passe mal, mais quand on voit le résultat on ne ressent aucune gène. Le style hybride me semble être celui à adopter pour les nouvelles créations, pour les animes d’aujourd’hui.
Comment s’est passé le processus ? On est venu vous chercher pour raviver la flamme Mazinger ?
En fait, je n’avais plus travaillé sur de l’animation avec Toei depuis plusieurs années. Il y a trois ans, on est venu me parler de ce projet et j’étais très content, mais surtout très curieux de constater les progrès faits par Toei Animation. C’était une belle opportunité. Le film a mis du temps à se faire mais je suis ravi du résultat aujourd’hui.
En France, on connaît surtout Goldorak, qui est en fait la troisième série animée de la saga Mazinger. Et étonnement, elle n’a pas du tout eu le même succès dans votre pays natal… Au Japon, ça a chronologiquement commencé par Mazinger Z, puis Great Mazinger et enfin Goldorak. Pour les Japonais, la nouveauté du robot piloté par un être humain qui se place au niveau de sa tête est arrivée avec Mazinger Z. Après, le public s’est habitué et s’est sûrement dit que c’était encore la même chose. Ça ne veut pas dire que l’un était meilleur que l’autre, c’est plus une question de timing. En France, il y a d’abord eu Goldorak puis Mazinger Z, c’était compliqué pour les téléspectateurs de faire le chemin à l’envers. Pour tout vous dire, j’espère au fond de moi qu’en voyant le long-métrage Mazinger Z, les Français vous nous demander de faire pareil avec Goldorak !
À Annecy, Vous avez croisé Guillermo Del Toro, qui est absolument fan de vous. Avez-vous vu Pacific Rim et est-ce que selon vous, les robots géants sont-ils viables dans des films en live action ?
Oui j’ai vu Pacific Rim et j’ai même écrit un joli petit mot dessus dans le carnet d’autographes de Guillermo Del Toro ! Sur la question du live action, j’y crois et j’aimerais beaucoup m’y essayer. Mais pour être réaliste, les budgets ne sont pas du tout les mêmes… Au Japon, on ne pourrait pas le faire, il faudrait vraiment un budget hollywoodien pour réussir. Mais si Hollywood est intéressé, pourquoi pas essayer…
Vous avez déjà laissé un héritage énorme, des dizaines de mangas et de séries animées s’inspirent de votre oeuvre, comme Patlabor, Evangelion et tant d’autres. Vous en êtes fier ?
Évidemment que j'en suis fier ! Je sais que des créateurs ont été influencés par mon oeuvre parce que eux-mêmes me le disent. Mais je suis persuadé que toute oeuvre culturelle se crée par accumulation : j’ai été influencé par Osamu Tezuka (NDLR : le créateur d’Astro), et mon oeuvre a inspiré la création d’autres oeuvres, comme Evangelion que vous avez cité. Toute influence amène à de nouvelles créations. Je vois ça comme quelque chose d’extrêmement positif.
Vidéo Nicolas Bellet
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