2 | Les Tempêtes Dans une campagne aux alentours d’Alger, une étrange poussière jaune alerte les populations locales. Un journaliste hanté par le meurtre de sa femme s’y intéresse alors que son passé refait surface. Discours métaphorique sur une Algérie torturée par ses morts, Les Tempêtes vacille entre le drame et le fantastique mais peine à trouver une intrigue. Chargé par des images de superstition et de deuil, il souffre d’une poésie trop présente où les personnages, pourtant pertinents, se perdent. Bastien Assié |
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Prodigieuses Les prodigieuses qui donnent leur titre à ce premier long des frères Potier sont deux jumelles pianistes virtuoses intégrant une prestigieuse université de musique dirigée par un prof infect, prenant un plaisir pervers à créer une rivalité entre elles, alors qu’un autre mal bien plus sourd les ronge. Une maladie orpheline qui fragilise leurs mains et de fait leur avenir artistique. Le film touche juste quand il se concentre sur elles (Camille Razat et Mélanie Robert, impeccables) et le lien insécable qui les unit. |
Thierry Chèze | |
3 | La Passion selon Béatrice Conçu comme un « documentaire itinérant », ce film hybride signé Fabrice Du Welz (Vinyan) montre Béatrice Dalle arpentant en 2022 l’Italie sur les traces du grand Pier Paolo Pasolini, cinéaste et poète décédé en 1975 auquel l’actrice française voue une admiration sans faille. Se livrant à cœur ouvert sur son amour pour la vie et l’œuvre de l’artiste italien, Dalle échange également avec le comédien Clément Roussier et avec des spécialistes de Pasolini, si bien que ce voyage devient aussi un portrait de l’actrice et de sa conception d’une existence engagée. |
Damien Leblanc |
Le Panache A 14 ans, Colin fait sa rentrée dans un nouveau collège avec la boule au ventre. Conscient de la cruauté des ados de son âge, il angoisse de sa capacité à s’intégrer à cause de son bégaiement qu’il vit comme un handicap honteux… Jusqu’à sa rencontre avec un prof de français qui va le confronter à ses peurs en lui lançant le défi d’incarner Cyrano de Bergerac dans le spectacle annuel de l’école. L’ombre du Cercle des poètes disparus et de son professeur Keating aimant casser les codes au grand dam de son administration plane sur le nouveau Jennifer Devoldère (Sage- homme). |
Thierry Chèze | |
2 | Kafka, le dernier été En ces temps de domination des biopics wikipediesques obsédés par raconter les personnes concernées du début à la fin de leur existence, ce film a le mérite de se concentrer sur les ultimes mois de l’auteur de La Métamorphose et son histoire d’amour avec une institutrice qui lui a redonné le goût d’écrire avant de sauver une partie de son œuvre qu’il lui avait demandé de détruire. Mais le récit est hélas à l’image de la mise en scène, trop sage, trop scolaire pour traduire les tourments et la complexité de sa personnalité. |
Thierry Chèze |
4 | Direct action Que sait-on de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et d’où nous viennent ces informations ? Des idées approximatives, des images montées (c’est-à-dire trafiquées) ? Voici avec quoi souhaite rompre Direct Action. En un peu plus de 3h30, les deux documentaristes montrent ces citoyens-activistes et leur rendent leur humanité en même temps qu’ils expliquent leur colère, leur mode de vie et d’action. |
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1 | Le Choix C’est l’histoire de Vincent Lindon avec un casque de chantier qui monte dans une voiture. Le logo publicitairement cadré indique qu’il s’agit d’une Renault. La mine des mauvais jours, les mains sur le volant, le justicier Lindon roule dans la nuit. Il doit gérer mille choses à la fois, bascule d’un interlocuteur à un autre au téléphone quand il ne s’adresse pas carrément à son père mort les yeux dans rétro, au cas où le fantôme du daron serait installé pénard sur la banquette arrière. Le Choix est un remake de Locke avec Tom Hardy. Voilà vous savez (à peu près) tout. |
Thomas Baurez |
3 | 37: L'Ombre et la proie Un routier tourmenté prend en stop une femme enceinte qui cache un flingue et un lourd secret. C’est un premier long-métrage, un thriller à concept qui possède bien des fêlures de jeunesse (n’est-ce pas aussi parce que l’on sait que c’est un premier film qu’on se permet ce genre de phrase ?), mais dont le charme finit par opérer. Grâce au duo formé par Guillaume Pottier et Mélodie Simina (formidable en flingueuse en cloque et à clopes), bien casté et bien dirigé sur lequel repose toute la tension. |
Sylvestre Picard |
1 | Piece by piece Que demande-t-on d'un documentaire sur une star de la musique ? Evidemment pas de l'honnêteté (les artistes, ces grands trompeurs, etc.), mais sûrement un aperçu de leur talent, au moins de leur vision. Piece by Piece, production Pharrell Williams racontant sa vie, tente de faire passer pour une vision artistique (le film est en briques comme La Grande aventure Lego et ses dérivés) une sacrée série de lieux communs (quand on ne sait pas quoi faire, « il faut placer sa confiance en Dieu », par exemple), tout en passant sous silence pas mal de moments clés de sa carrière. |
Sylvestre Picard |
Diamant brut Un timing des plus opportuns. Diamant Brut, découvert en compétition à Cannes, arrive au cinéma près d’un mois après la diffusion de la série Culte sur Amazon Prime. Cette dernière nous laissait sur une promesse, celle du développement fulgurant de la téléréalité en France après le succès de Loft Story. Le premier film d’Agathe Riedinger, lui, prend place dans sa phase terminale. |
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4 | Mémoires d'un corps brûlant « Enfin libre ! » pourrait être le sous- titre de ce film. Comme le cri du cœur de son héroïne Ana qui, à 70 ans, peut vivre détachée du diktat des différents hommes (père, frère, mari…) qui ont depuis toujours dirigé son existence et violenté son corps. Mémoires d’un corps brûlant s’ouvre sur cette femme nettoyant la poussière sur des cadres de photos qui vont constituer la colonne vertébrale des aller- retour entre ce passé cauchemardesque et ce présent de tous les possibles, dont celui de découvrir enfin l’orgasme. |
Thierry Chèze |
La Plus précieuse des marchandises Michel Hazanavicius s’était juré de ne jamais réaliser de film sur la Shoah, se sentant incapable d’affronter la question à ses yeux insoluble de sa représentation par la fiction. Jusqu’à ce qu’il découvre donc La Plus précieuse des marchandises de Jean- Claude Grumberg. Et que cet ami d’enfance de ses parents glisse son nom pour porter à l’écran son œuvre. Une intuition gagnante. L’action se déroule en Pologne au cœur de la seconde guerre mondiale. |
Thierry Chèze | |
3 | Finalement Ce film ne réconciliera en rien les anti- Lelouch avec son cinéma. Mais pour les autres, il marque un soulagement. Le retour en forme d’un réalisateur qu’on aurait pu croire définitivement perdu après deux films aussi vite vus qu’oubliés (La Vertu des impondérables qui n’avait même pas trouvé le chemin des salles et L’Amour c’est mieux que la vie) à des années- lumière des œuvres majeures qu’il a pu signer. Une œuvre comme un retour aux sources. |
Thierry Chèze |
2 | La Vallée des fous Alors que la faillite guette son restau et que son alcoolisme l’éloigne peu à peu des siens, un fou de voile décide, pour se reprendre en main, de relever un défi singulier. S’inscrire à la course virtuelle du Vendée Globe, mais dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin…Dans la filmo variée de Beauvois, entre des réussites aussi majeures que Le Petit lieutenant et Des hommes et des Dieux, cette Vallée de fous occupe une place à part. |
Thierry Chèze |
2 | Une part manquante Au Japon en raison d’une coutume juridique, de nombreux enfants se retrouvent, après un divorce, élevés par un seul parent, sans aucune possibilité de garde alternée. C’est de ce sujet que s’empare Guillaume Senez pour son troisième long après les excellents Keeper et Nos batailles. Romain Duris y incarne Jay, un chauffeur de taxi français qui, après sa séparation avec sa compagne japonaise, a décidé de rester à Tokyo en espérant recroiser un jour sa fille dont il n’a pas pu avoir la garde. |
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3 | Se souvenir d'une ville Auréolé du César du meilleur documentaire pour son précédent film Retour à Reims (Fragments), Jean-Gabriel Périot s’intéresse cette fois au siège de Sarajevo qui a plongé entre 1992 et 1996 la capitale de Bosnie-Herzégovine sous les bombes et les assauts incessants. La grande originalité est ici de réunir dans un premier temps des images du siège filmées à l’époque par de jeunes cinéastes soumis à l’urgence et la sidération… puis de montrer dans une seconde partie ces mêmes cinéastes commenter leurs propres images avec trente ans de recul. |
Damien Leblanc |
4 | No other land « Vous qui entrez, laissez toute espérance... » Face aux humiliations que subissent les cisjordaniens par une armée israélienne dépourvue d’âme et des colons surexcités, difficile de croire en quelque chose. Depuis plusieurs années sous couvert d’un projet de lieu d’entraînement militaire, les Israéliens rasent les habitations de la communauté palestinienne de Masafer Yatta installée dans une majestueuse région montagneuse au sud de la Cisjordanie. Des expropriations violentes et expéditives qui défient les lois de l’humanité. |
Thomas Baurez |
3 | Good one Good one, voilà un titre qui dans l’entame de ce premier long, Grand Prix du Champs Elysées Film festival, sied parfaitement à son héroïne, ado de 17 ans, douce, discrète, arrangeante. Et la grande réussite d’Indiana Donaldson tient dans sa manière de raconter un moment de bascule. Cette goutte d’eau qui fait déborder un vase que nul n’avait vu se remplir, lors du week- end que passe Sam avec son père et son meilleur ami. Deux divorcés auto- centrés en pleine crise de la quarantaine dont elle se fait la confidente avec beaucoup de patience. |
Thierry Chèze |
3 | Desert of Namibia Elle a un carré court et un air revêche fixé sur le visage. Kana, une jeune Japonaise tout juste sortie de l’adolescence, semble errer perpétuellement dans sa propre existence. Entre les moments partagés avec ses deux amants — qui réussissent tous deux l’exploit de l’ennuyer —, et les situations cocasses que lui offre quotidiennement son métier d’esthéticienne, Desert of Namibia s’attarde tout du long à capter ces petits moments d’entre- deux, pas tout à fait amusants ni vraiment mélancoliques. |
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3 | En tongs au pied de l'Himalaya Le titre forcément intrigue. Mais il décrit pourtant à la perfection la situation vécue par son héroïne : la mère d’un enfant souffrant d’un trouble autistique (Eden Lopes, sidérant), perdue, désarmée, avec une certaine tendance à noyer ses soucis dans l’alcool au moment de passer la quarantaine quand, se séparant de son compagnon et sans revenu fixe, elle va devoir apprendre à vivre seule tout en enseignant l’autonomie à son enfant. |
Thierry Chèze |
Le Royaume Le Royaume n’a rien d’un conte de fées. Son intrigue a beau se dérouler dans un cadre idyllique (la Corse), s’ouvrir par une rencontre qui flirte avec le mystique (les retrouvailles entre une adolescente, Lesia et son père Pierre- Paul, chef de clan), et suivre les règles de la tragédie (le destin de bandit auquel nul bandit n’échappe), elle frappe d’abord et avant tout par son réalisme. En adoptant le point de vue de l’adolescente, témoin d’une histoire qui lui échappe en permanence (pourquoi son père est-il traqué ? |
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3 | Hiding Saddam Hussein La Guerre d’Irak a déjà été raconté par le documentaire, à travers le film mémorial, et réécrite par le canon Hollywoodien (American Sniper). Le cinéaste kurde Halkwat Mustafa se risque à un nouveau genre avec ce docufiction sur les dernières heures du dictateur Saddam Hussein, caché chez un fermier en Irak. Par une simple interview on fait face à un Irakien modeste, vivant au fil des saisons, qui a caché l’homme le plus recherché du pays durant 4 ans. |
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3 | Voyage à Gaza Fruit du séjour d’un jeune cinéaste franco-italien qui a passé trois mois à Gaza au printemps 2018, ce saisissant documentaire filme le quotidien de trentenaires palestiniens étouffés par la situation politique et par l’état de siège permanent imposé à la population. Au départ inspiré par le travail de recueil de témoignages réussi en 1963 par Chris Marker et Pierre Lhomme dans Le Joli Mai, Piero Usberti trouve finalement son propre style filmique et fait entendre en voix off ses poignantes réflexions personnelles sur les souffrances gazaouies. |
Damien Leblanc |
3 | L'Ombre du commandant Le principe de L'Ombre du commandant est fascinant : parler au fils et au petit-fils de Rudolf Höss, le commandant d'Auschwitz -et personnage principal de La Zone d'intérêt de Jonathan Glazer, comme le rappelle le marketing de ce documentaire (en mode : « vous avez vu le film, découvrez l'histoire vraie »). |
Sylvestre Picard |
2 | Louise Violet Après Délicieux, Eric Besnard remonte de nouveau le temps vers la France de la fin du 19ème siècle et s’intéresse à la mise en place dans un village de campagne de l’Ecole de la République, gratuite, obligatoire et laïque tout juste instaurée. |
Thierry Chèze |
1 | I feel fine Centré sur un adolescent qui souffre d’un trouble obsessionnel compulsif suicidaire, ce premier long métrage réalisé par un couple de cinéastes originaires de Floride tente de créer un mélange de tonalités qui aboutit pourtant à un assemblage de maladresses et de lourdeurs. |
Damien Leblanc |
3 | Au boulot ! Troisième film, après J’veux du soleil et Debout les femmes !, coréalisé par François Ruffin et Gilles Perret (qui a aussi sorti en début d’année le superbe La Ferme des Bertrand), cette comédie-documentaire part d’un principe simple voire un peu racoleur, ce qui se répercute sur son entame quelque peu laborieuse. |
Damien Leblanc |
3 | A toute allure On a découvert Lucas Bernard en 2017 avec Un beau voyou, une comédie policière mettant en scène un petit voyou atypique qu’un flic pré- retraité mais peu pressé de raccrocher prenait en filature. Il y avait dans ce film une fantaisie, une écriture ciselée des personnages et des situations qui dialoguaient avec le cinéma de Salvadori ou de Broca. Avec A toute allure, Bernard persiste et signe. |
Thierry Chèze |
3 | L'Affaire Nevenka C’est une affaire qui a impacté en profondeur la société espagnole, devenue aujourd’hui une des plus actives en Europe pour la défense des droits des femmes. L’histoire de Nevenka Fernández, élue à la fin des années 90 à 25 ans conseillère municipale auprès d’Ismael Alvarez, un maire très charismatique, auprès duquel, après une brève liaison, elle va vivre l’enfer sur fond d’harcèlement. Sa parole à elle valant alors, dans ce premier cas de #MeToo politique du pays, bien moins que celle de l’édile. |
Thierry Chèze |
Trois amies Ça part franchement très mal avec une voix-off en surplomb qui définit les contours du récit. Un effet dont abuse les auteurs de comédies françaises pour créer une connivence sympa entre le héros et le spectateur. La parole chez Mouret n’est pourtant pas un simple accessoire, c’est même la raison d’être de ses films. Selon ses modulations, elle impose des rythmes différents, provoque des actions ou les contrarie. Elle habille surtout physiquement et psychologiquement des personnages retenus prisonniers par des dilemmes moraux pleinement formulés. |
Thomas Baurez |